Catégorie : Classique Du 21ème Siècle

La route

Bande dessinée publiée en 2024 aux éditions Dargaud.


D’après le roman de Cormac McCarthy publié en 2006.

couverture bd la route

L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d’objets hétéroclites, censés les aider dans leur voyage.

Sous la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du sud, la peur au ventre : des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l’humanité.

Survivront-ils à leur périple ?

Après « Le Rapport de Brodeck », Manu Larcenet adapte de nouveau une oeuvre majeure de la littérature.

Couronnée par le prix Pulitzer en 2007, « La Route » a connu un grand succès et a été adaptée au cinéma en 2009 avec Vigo Mortensen dans le rôle principal.

Avec cet album, Manu Larcenet réussit une adaptation d’une originalité absolue et pourtant d’une totale fidélité. En posant son trait sous les mots du romancier, en illustrant les silences du récit, l’artiste s’est approprié l’univers sombre et fascinant du roman de Cormac McCarthy.

D’un roman-culte il a fait un album d’une beauté saisissante, à la fois puissant et poignant.

Incontestablement un des chefs-d’oeuvre de la bande dessinée moderne.

Cormac McCarthy a signé plusieurs romans phares dont « La Route » mais aussi « No Country for old men », également adapté par les frères Coen au cinéma. Son oeuvre est essentiellement disponible aux éditions de L’Olivier (et Points), associées à Dargaud sur ce projet. L’écrivain est décédé le 13 juin 2023.

Son roman, publié aux Éditions de l’Olivier et chez Points pour la version poche, a été vendu à près de 800 000 exemplaires.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « La route »

Avec La Route, Manu Larcenet s’attaque à l’un des romans les plus marquants du XXIe siècle. En adaptant le texte de Cormac McCarthy, Larcenet réussit un pari audacieux : retranscrire l’intensité émotionnelle et la brutalité du récit dans un format graphique.

À travers des illustrations en noir et blanc, ponctuées de rares touches de couleur, il parvient à capturer l’atmosphère de désolation et de survie qui imprègne le roman original.

extrait bd la route

Larcenet utilise un style visuel épuré mais puissant, où chaque trait semble pesé avec soin pour exprimer la terreur et l’isolement d’un monde postapocalyptique. Les silences entre les personnages, père et fils, deviennent ainsi autant d’espaces de tension dramatique, accentués par une palette de gris subtilement teintée. Cette économie de dialogues renforce la solitude et l’incompréhension qui règnent dans cet univers désolé.

Si la violence est omniprésente, elle n’est jamais gratuite. Chaque scène macabre sert à illustrer la déchéance humaine, mais aussi l’amour inébranlable qui unit les deux protagonistes. Larcenet ne se contente pas de transposer le texte de McCarthy : il le réinterprète avec une sensibilité propre, offrant ainsi une lecture nouvelle et poignante de cette œuvre culte.

La Route de Larcenet est une réussite incontestable. Cette bande dessinée n’est pas qu’une simple adaptation ; c’est une œuvre autonome, où l’art du dessin sublime un récit déjà puissant, offrant au lecteur une expérience à la fois visuelle et émotionnelle inoubliable.

Entrez dans la danse

Bande dessinée publiée en 2019 aux éditions Delcourt.


D’après le roman de Jean Teulé publie en 2018.

Après sa magistrale adaptation de Charly 9, Richard Guérineau met à nouveau son talent au service de l’œuvre de Jean Teulé pour donner chair à cette incroyable épidémie de danse survenue il y a 500 ans à Strasbourg.

Strasbourg, juillet 1518. La ville est soumise depuis quatre ans aux pires calamités. La sécheresse, les grands froids, la famine, la maladie…

C’est ce qui explique pourquoi Enneline est allée précipiter son enfant depuis le pont au Corbeau. Ça et la folie de la danse qui s’est saisie d’elle tout de suite après. Nombreux furent ceux à entrer dans la danse à sa suite… certains jusqu’à la mort.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Entrez dans la danse »

Dans l’adaptation graphique de l’œuvre de Jean Teulé « Entrez dans la danse« , Richard Guérineau nous plonge dans une tranche d’histoire médiévale aussi sombre que fascinante, celle de la « danse de Saint-Guy » à Strasbourg en 1518. Par le prisme de son dessin fin et expressif, Guérineau transcende les anecdotes historiques et l’anti-cléricalisme teuléen pour créer une fresque vibrante où la détresse humaine danse avec la mort.

Le récit est ancré dans un réalisme poignant : une ville médiévale en proie aux fléaux naturels, une population affamée et désespérée. Dans ce contexte, la danse devient épidémique, un symptôme de misère plutôt qu’une célébration de la vie.

La BD navigue habilement entre l’horreur de l’événement et l’humour noir, offrant une distanciation qui ne minimise jamais la gravité de la situation, mais qui en fait plutôt une satire mordante des réponses humaines à la catastrophe.

Guérineau ne se contente pas de dépeindre un drame; il interroge aussi, à travers son art, les réponses des autorités civiles et ecclésiastiques, dévoilant leur impuissance et leur opportunisme face à l’inexplicable. L’écho contemporain est inévitable, les thèmes du pouvoir, de la superstition et de la crise sanitaire résonnant avec une pertinence troublante aujourd’hui.

La bande dessinée se révèle ainsi comme un miroir de l’histoire, où la danse devient une métaphore de l’irrationnel et du tragique, magnifiquement capturée par le talent de Guérineau pour le détail et la couleur.

Avec « Entrez dans la danse« , l’auteur offre un spectacle visuel où l’histoire et la légende se côtoient, et où le lecteur, comme les personnages, est invité à une réflexion sur la nature humaine et les réponses collectives aux crises.

Cette critique est une création originale basée sur les informations fournies par les ressources précédemment citées.

Je, François Villon – Tome 03

Bande dessinée publiée en 2016 aux éditions Delcourt.


D’après le roman de Jean Teulé publie en 2006.

Je crie à toutes gens merci.

couverture bd Je, François Villon - Tome 03

Ce troisième volume de l’adaptation du texte de Jean Teulé par Luigi Critone conclut admirablement cette fresque médiévale, hommage à la mesure de François Villon, poète au destin et au talent incomparables.

François Villon aura tout expérimenté de l’art de la subversion.

Aucune règle ni aucun sentiment, même les plus naturels en apparence, n’auront pu éviter une remise en cause par son esprit fort et rebelle.

Aucune fréquentation enfin ne l’aura rebuté, quand bien même elle serait désastreuse pour sa réputation.

Il fut rejeté, banni, mais reste aujourd’hui encore l’un des plus grands poètes de notre histoire.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Je, François Villon – Tome 03 »

« Je, François Villon – Tome 3« , œuvre de Luigi Critone, se distingue comme une île mystérieuse et envoûtante. Inspiré par le texte de Jean Teulé, Critone nous livre un récit graphique qui est à la fois une plongée dans l’âme tourmentée d’un poète et un miroir de son temps, le XVe siècle français, une époque rude et sans pitié.

Ce dernier opus conclut la trilogie avec une maestria qui équilibre la noirceur des actes de Villon avec une introspection presque théâtrale, où le protagoniste se confronte à ses démons et à sa conscience, en une sorte de huis clos existentialiste. Les critiques ont salué la façon dont Critone manipule le rythme narratif, alternant entre les citations poétiques en ancien français et une linéarité qui facilite la digestion de ces textes anciens.

Le dessin de Critone est encensé pour sa finesse et son élégance, offrant un regard presque cinématographique sur l’époque. L’illustrateur ne se contente pas de dessiner une époque ; il la réanime, lui insuffle un souffle de vie qui permet au lecteur de sentir le froid des cachots et la dureté des pavés. La colorisation de Giorgia Casetti est également remarquée pour sa capacité à magnifier le travail de l’artiste, ajoutant une profondeur émotionnelle palpable à chaque planche.

extrait bd Je, François Villon - Tome 03

La caractérisation de François Villon est une réussite indéniable. Le lecteur suit avec fascination ce personnage historique, de ses débuts de jeune étudiant rebelle à son inéluctable chute, en passant par sa vie de bandit.

Ce troisième tome illustre sa repentance et sa confrontation avec les conséquences de ses actes, une démarche qui le mène à une certaine maturité. Cette évolution psychologique est un véritable tour de force, rendant Villon non seulement plus humain mais aussi profondément attachant, malgré ou à cause de ses nombreux défauts.

« Je, François Villon – Tome 3 » s’érige non seulement comme une bande dessinée historique de premier plan mais aussi comme une étude de caractère captivante. Ce volume est une invitation à redécouvrir Villon, à apprécier la richesse de son œuvre poétique et à méditer sur les ambivalences de la nature humaine.

Charly 9

Bande dessinée publiée en 2013 aux éditions Delcourt.


D’après le roman de Jean Teulé publié en 2011.

couverture bd Charly 9

Charles IX fut de tous les rois de France l’un des plus calamiteux. À 22 ans, pour faire plaisir à sa mère, il ordonna le massacre de la Saint- Barthélemy qui épouvanta l’Europe entière.

Abasourdi par l’énormité de son crime, il sombra dans la folie.

Transpirant le sang par tous les pores de son pauvre corps décharné, Charles IX mourut à 23 ans, haï de tous…

Pourtant, il avait un bon fond.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Charly 9 »

Dans les méandres de l’histoire française, il y a des figures tragiques que seul l’art peut réhabiliter, ou du moins, éclairer sous une lumière plus nuancée. La bande dessinée « Charly 9 » de Richard Guérineau, adaptation du roman éponyme de Jean Teulé, est une tentative réussie de peindre la tragédie d’un roi malgré lui, Charles IX, à travers les prismes colorés de la bande dessinée.

Guérineau, avec une palette où le rouge sang et le noir profond prédominent, nous plonge dans les tumultes d’une époque révolue mais dont les échos résonnent encore. Le traitement graphique, mélangeant habilement lavis traditionnel et retouches numériques, apporte une profondeur et une gravité à ce récit historique.

Chaque page est un contraste frappant entre la légèreté de l’existence et la lourdeur du destin, entre les clins d’œil humoristiques et la réalité macabre d’un règne marqué par le sang.

extrait bd Charly 9

« Charly 9 » ne se contente pas de retracer des événements ; il offre une introspection dans l’âme d’un roi jouet des volontés maternelles, un souverain tourmenté par la culpabilité et rongé par la folie.

La montée en puissance du rouge dans les pages est symptomatique de cette descente inexorable vers la démence. L’humour, parfois noir, parfois décalé, sert de soupape à la tension narrative, rendant l’œuvre d’autant plus poignante.

La BD de Guérineau est un véritable tour de force, qui allie recherche historique minutieuse et créativité artistique. Elle s’adresse non seulement aux passionnés d’histoire, mais aussi à ceux qui cherchent dans l’art une porte vers les complexités de l’âme humaine.

« Charly 9 » est une réflexion sur le pouvoir et la folie, un miroir tendu à notre époque qui, malgré les siècles, ne semble pas avoir fini de répéter les erreurs du passé.

Je, François Villon – Tome 02

Bande dessinée publiée en 2014 aux éditions Delcourt.


D’après le roman de Jean Teulé publie en 2006.

Bienvenue parmi les ignobles

couverture Bd Je, François Villon - Tome 02

François Villon fait la rencontre de Colin de Cayeux, chef des Coquillards, brigands pervers et sanguinaires.

Pour être initié, Villon doit réaliser trois chefs-d’oeuvre : un vol scandaleux, un crime écoeurant et un présent abominable.

Ainsi, il volera une femme qui enterre son enfant, égorgera une pauvre prostituée et, sur demande de Colin, il offrira sa femme… Bienvenue parmi les ignobles !


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Je, François Villon – Tome 02 »

Au fil des pages du second tome de « Je, François Villon« , Luigi Critone plonge le lecteur dans les abysses d’une âme torturée, où la légende noire du poète maudit prend toute son ampleur. Loin de la verve légère et de l’esprit facétieux du premier volume, cette suite déroule le tapis de l’obscurité sous les pas d’un Villon plus sombre, dont la descente aux enfers est aussi irrésistible qu’effrayante.

La force de ce tome réside dans la capacité de Critone à saisir le paradoxe d’un Villon à la fois poète et scélérat. La plume se fait ici pinceau, dessinant les contours d’un homme écartelé entre la grandeur de son art et la bassesse de ses actes.

Les illustrations, bien que magnifiques, portent en elles la noirceur d’un récit qui ne fait pas l’économie de la violence. Les actes de Villon, peints avec une précision qui frôle parfois la caricature, sont un rappel glaçant que derrière la poésie se cache parfois la brutalité la plus crue.

extrait bd Bd Je, François Villon - Tome 02

Critone nous convie à une réflexion sur la nature humaine, où la noblesse de l’art de Villon se heurte à ses choix moralement discutables. Le lecteur se trouve alors dans l’inconfort de la dualité, à la fois captivé par le talent indéniable du poète et repoussé par ses actions répréhensibles. L’auteur questionne subtilement les limites de notre empathie, nous forçant à contempler l’homme dans toute sa complexité.

Cependant, cette noirceur omniprésente peut susciter une certaine lassitude. L’accumulation des scènes d’une violence graphique peut parfois sembler gratuite, éclipsant la subtilité que l’on attend d’une œuvre qui se veut aussi littéraire. Ce choix audacieux de Critone risque de diviser : est-ce un hommage appuyé à la légende de Villon ou une simplification excessive d’une figure historique complexe ?

« Je, François Villon – Tome 02 » est une œuvre qui ne laisse pas indifférent. Critone y fait preuve d’une maîtrise artistique indéniable, mais le lecteur pourrait regretter que l’obscurité du récit prenne le pas sur la lumière de la poésie.

Une chose est certaine : ce Villon-là ne cessera de hanter ceux qui auront osé s’aventurer dans les méandres de son âme tourmentée.

Jusqu’ici tout va bien

Bande dessinée publiée en 2024 aux éditions Rue de Sevres.


D’après le roman de Gary D. Schmidt publié en 2017.

1968, dans une petite ville de l’État de New York.

Un père sans repères, une mère sans remède. Deux grands frères, l’un brutal, l’autre avalé par la guerre du Vietnam.

Pas assez d’argent à la maison, des petits boulots pour se maintenir à flot. Trop de bagarres au collège. Une bibliothèque ouverte le samedi pour s’évader.

Une collection d’oiseaux éparpillée à tous les vents. Des talents inexploités. Et une envie furieuse d’en découdre avec la vie.

Dans ce contexte sinistre mais pas dénué d’espoir, Doug s’efforce de ne plus être ce que tout le monde semble penser qu’il est, un « voyou maigrichon ».

Grâce à Lil, alliée inattendue, il va trouver la force d’affronter le passage de l’adolescence et l’envie de rêver à des horizons plus radieux.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Jusqu’ici tout va bien »

Jusqu’ici tout va bien‘ de Nicolas Pitz est une adaptation graphique remarquable du roman éponyme de Gary D. Schmidt. L’histoire, située en 1968 dans une petite ville de l’État de New York, suit le parcours de Doug, un adolescent en quête d’identité dans un environnement familial et social chaotique.

Le récit, sombre mais empreint d’espoir, est porté par un dessin fin et expressif, majoritairement en noir et blanc, où la couleur, utilisée avec parcimonie, devient un véritable outil narratif. Pitz réussit à transmettre avec justesse les émotions et les tourments de Doug, personnage central attachant et résilient.

L’adaptation est fidèle au roman original, tout en offrant une nouvelle perspective grâce au médium de la bande dessinée. Pitz parvient à retranscrire la subtilité des rapports familiaux et humains, évitant ainsi le pathos. L’œuvre rend également hommage à Jean-Jacques Audubon, illustrateur naturaliste méconnu, dont les dessins d’oiseaux sont une révélation pour Doug.

Les thématiques abordées sont nombreuses et universelles : la résilience, l’amitié, la découverte de l’art et de la littérature, le tout dans le contexte de la guerre du Vietnam. Le lecteur ne peut que s’attacher à Doug, jeune homme en pleine construction, qui évolue tout au long de l’histoire.

‘Jusqu’ici tout va bien’ est une lecture forte et émouvante, une adaptation graphique réussie d’un roman inoubliable. Les touches de couleur, utilisées avec subtilité, renforcent la puissance du récit. Une magnifique découverte, à la fois coup de cœur et coup de poing, qui ne laissera personne indifférent.

Je, François Villon – Tome 01

Bande dessinée publiée en 2011 aux éditions Delcourt.


D’après le roman de Jean Teulé publie en 2006.

Mais où sont les neiges d’antan ?

couverture bd Bd Je, François Villon - Tome 01

Son père pendu, sa mère enterrée vivante, François Villon connaît les pires atrocités de la vie dès son plus jeune âge. Recueilli par le chanoine de Saint-Benoît, il est envoyé dans le meilleur collège de Paris.

Mais à ses études, il préfère la poésie, l’hypocras et la fornication.

Poète et ribaud à la fois, il commet tous les actes possibles, des plus sublimes aux plus abominables.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Je, François Villon – Tome 01 »

« Je, François Villon – Tome 01 » de Luigi Critone se distingue par son ambition de donner chair à l’une des figures les plus énigmatiques du Moyen Âge français. Villon, poète et voyou, est peint avec les teintes sombres de l’irrévérence et de la débauche, mais aussi avec les nuances plus claires de la poésie et de la jeunesse écorchée.

Critone, s’emparant du texte de Jean Teulé, offre une représentation graphique qui souligne le contraste entre la lumière de l’intelligence vive de Villon et l’ombre de sa destinée tragique. Les couleurs, souvent obscures, sont comme des métaphores visuelles du destin et des tourments internes du poète. Le choix de ces teintes n’est pas anodin : il suggère le crépuscule d’une époque autant que celui d’un homme.

Le récit, lui, ne craint pas d’arpenter les sentiers de la violence et de la brutalité, reflet d’une époque où la vie était aussi tranchante qu’une lame. Si certains lecteurs peuvent être rebutés par cette approche sans fard, d’autres y voient une sincérité narrative nécessaire à l’immersion dans le Paris du XVe siècle.

extrait Bd Je, François Villon - Tome 01

Le personnage de Villon est aussi controversé que fascinant. D’aucuns le trouvent repoussant dans ses excès et ses vices, et pourtant, c’est peut-être là que réside la force de cette œuvre : elle ne cherche pas à enjoliver ni à condamner, mais à présenter un homme dans toute sa complexité.

Sur le plan artistique, les critiques sont unanimes à saluer la qualité du dessin de Critone. Son trait précis et son sens du détail donnent vie à un Moyen Âge qui respire et qui bouge, loin des représentations figées que l’on pourrait redouter. Les scènes de vie parisienne sont un régal pour les yeux et invitent le lecteur à une plongée immersive.

« Je, François Villon » est une œuvre qui interpelle, qui dérange parfois, mais qui, surtout, ne laisse pas indifférent. C’est un premier tome qui pose les bases d’une série prometteuse, à même de captiver autant le passionné d’histoire que l’amateur de récits humanistes profonds et dérangeants.

Couleurs de l’incendie

Bande dessinée « Couleurs de l’incendie » publiée en 2019 aux éditions Rue de Sèvres.


D’après le roman de Pierre Lemaitre publié en 2018.

couverture bd Couleurs de l'incendie

Février 1927. Le Tout-Paris assiste aux obsèques de Marcel Péricourt.

Sa fille, Madeleine, doit prendre la tête de l’empire financier dont elle est l’héritière, mais le destin en décide autrement.

Son fils, Paul, d’un geste inattendu et tragique, va placer Madeleine sur le chemin de la ruine et du déclassement.

Face à l’adversité des hommes, à la cupidité de son époque, à la corruption de son milieu et à l’ambition de son entourage, Madeleine devra déployer des trésors d’intelligence, d’énergie mais aussi de machiavélisme pour survivre et reconstruire sa vie.

Tâche d’autant plus difficile dans une France qui observe, impuissante, les premières couleurs de l’incendie qui vont ravager l’Europe.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Couleurs de l’incendie »

Dans le sombre théâtre de l’entre-deux-guerres, « Couleurs de l’incendie » de Christian De Metter déploie ses planches telles des actes d’une tragédie moderne, où la vengeance se dessine en traits épais et couleurs crépusculaires. Comme arrachés aux pages d’un roman de Pierre Lemaitre, ces dessins sont des fenêtres sur l’âme tourmentée de Madeleine Péricourt, héroïne prise dans les flammes de la trahison et de la perte.

Le style graphique de De Metter est une ode à la précision, un équilibre délicat entre l’expressivité brute et le détail minutieux, comme pour rappeler que dans le grand chaos de l’Histoire, l’individu résiste par la force de son visage, par le poids de son silence. Si par moments, le dynamisme semble céder sous le poids de l’atmosphère oppressante, c’est pour mieux capturer la stagnation d’une époque où l’horizon est bouché par les fumées de l’incendie économique et social.

extrait bd Couleurs de l'incendie

Il y a une maîtrise remarquable dans l’adaptation des teintes qui, loin de n’être qu’une palette de gris, jouent sur les contrastes pour révéler la lumière dans l’obscurité, l’espoir dans le désespoir. Chaque planche est un coup de pinceau sur la toile de la vengeance, orchestrant la montée en puissance d’une femme qui, dans le silence de sa lutte, devient le cri de son époque.

De Metter, en portraitiste du 9e art, offre près de 170 pages d’une histoire qui, tout en rendant hommage à son prédécesseur « Au revoir là-haut », s’en émancipe pour trouver sa propre voix, sa propre couleur, dans les cendres de l’incendie. C’est ainsi que « Couleurs de l’incendie » s’affirme comme une œuvre majeure, un miroir des abysses de l’âme humaine, et une réflexion sur la capacité de l’art à capturer la complexité d’un monde en feu.

Miroir de nos peines

Album « Miroir de nos peines » publié en 2023 aux éditions Rue de Sèvres.


Résumé éditeur

Adaptation du roman de Pierre Lemaitre publié en 2020.

couverture Miroir de nos peines

Avril 1940. Louise, en état de choc suite au suicide d’un homme âgé sous ses yeux, se retrouve à courir nue dans Paris.

Tentant de comprendre ce fait divers dans lequel elle est impliquée, elle se laissera entrainer dans le passé de sa propre mère et se découvrira un demi-frère caché.

Sa route croisera au hasard les destins de Raoul, soldat déserteur emmené en prison, Fernand, un garde pénitencier et Désiré, mystérieux personnage aux nombreuses facettes.

couverture bd Ivanhoé Tome 3

L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Miroir de nos peines »

À travers les pages de « Miroir de nos peines« , Christian De Metter orchestre un ballet visuel où les clairs-obscurs ne sont pas que des jeux de lumière, mais des métaphores d’une France à l’agonie, tiraillée entre l’opacité de son avenir et les lueurs d’espoir qui s’étiolent.

Cette bande dessinée ne se contente pas de raconter une histoire, elle nous plonge dans l’atmosphère lourde et incertaine de la débâcle de 1940 avec une précision documentaire qui confère une véritable épaisseur historique à l’intrigue.

Le dessinateur, devenu pour l’occasion historien et conteur, excelle dans l’art de la sélection narrative. Aucun détail n’est superflu, chaque planche contribue à l’architecture d’un récit qui, bien que condensé, ne sacrifie rien de l’esprit du texte original de Lemaitre.

De Metter se fait l’écho graphique de la prose de l’auteur, transposant avec brio la densité émotionnelle et la complexité des personnages dans un langage où le trait est parole.

extrait Miroir de nos peines

De Metter ne nous offre pas simplement une adaptation, mais une réinterprétation visuelle puissante qui, tout en respectant la matérialité de l’œuvre littéraire, s’approprie ses thématiques pour les réinventer dans un médium où l’image n’est pas qu’un support, mais un langage à part entière.

Ce que le jour doit à la nuit

Album « Ce que le jour doit à la nuit » publié en 2023 aux éditions Philéas.


Résumé éditeur

Adaptation du roman de Yasmina Khadra publié en 2008.

couverture bd Ce que le jour doit à la nuit

Avec ses beaux yeux bleus et son physique avantageux, Younes, petit Algérien de dix ans, intègre une communauté de roumis, ces Français vivant en Algérie à la veille de l’insurrection.

Younes, un petit Algérien de dix ans, vit avec ses parents et sa sœur. Après l’incendie criminel de leur récolte, ils sont ruinés et doivent quitter leurs terres pour trouver du travail en ville à Oran.

Son père, ne pouvant subvenir à ses besoins, décide de confier son fils à son frère, pharmacien, marié à une Française.

Younes devient Jonas et intègre une communauté de roumis c’est-à-dire des Français vivant en Algérie, les futurs  » pieds-noirs « .

Avec ses beaux yeux bleus et son physique avantageux, Younes est vite accepté par sa nouvelle communauté aisée.

Au fil des années, il va découvrir son pays et apprendre à l’aimer, l’amitié entre quatre amis, de jeunes colons, et l’amour nommé Émilie. Mais il va aussi découvrir la misère des siens, la guerre et l’injustice.

À travers le destin de Younès, Yasmina Khadra retrace l’histoire de l’insurrection algérienne et les raisons du déracinement des français d’Algérie.

couverture bd Ivanhoé Tome 3

L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Ce que le jour doit à la nuit »

« Ce que le jour doit à la nuit« , œuvre de Stella Lory d’après le roman poignant de Yasmina Khadra, émerge comme une perle rare qui capture avec délicatesse les nuances d’un récit algérien complexe et profond. Le passage de la prose au panneau illustré est souvent semé d’embûches, mais Lory, avec la collaboration artistique de Marion Duclos, navigue habilement entre fidélité et innovation.

Leur version dessinée de l’histoire de Younès/Jonas est un voyage émotionnel qui transcende les pages, où chaque trait de pinceau et chaque palette de couleurs semblent imprégnés d’une sensibilité particulière à l’âme algérienne, capturant l’essence de l’identité et du conflit. Duclos, avec ses planches aux teintes à la fois lumineuses et terreuses, offre un écho visuel à la prose lyrique de Khadra, bien que son trait parfois flottant puisse laisser les puristes du détail historique sur leur faim.

La contrainte de condensation, souvent malédiction des adaptations, est ici maniée avec une grâce qui frôle l’alchimie. En moins de 150 pages, Lory et Duclos parviennent à distiller la quintessence de l’œuvre originale, même si le spectre de l’amitié, pivot central du roman, semble par moments se dissiper comme une ombre dans la chaleur d’Oran.

« Ce que le jour doit à la nuit » en format bande dessinée s’offre comme un récit intime et universel, un pont entre les cultures, et un hommage à la résilience humaine face aux tiraillements de l’histoire.

Lory et Duclos rendent un vibrant hommage au chef-d’œuvre de Khadra. Leur interprétation graphique est une invitation à redécouvrir l’histoire à travers un prisme différent, offrant une expérience à la fois familière et rafraîchissante, un rappel que l’art, sous toutes ses formes, reste un vecteur puissant de mémoire et d’émotion.