Casse-pipe / Carnet du cuirassier Destouches

Album publié en 2007 aux Editions Futuropolis.
Résumé éditeur
Adapté de l’œuvre de Louis-Ferdinand Céline(publiée pour la première fois en 1949 pour Casse-pipe et 1913 pour Carnet du cuirassier Destouches).

Casse-pipe, c’est le temps de l’enfermement, devenu interminable. Témoin la longueur de cette première nuit, qui occupe toute la première séquence, mais la suite est à l’avenant.
L’agressivité du monde et des hommes y prend la forme de la nuit, du froid, de la pluie, de chevaux échappés qui courent dans tout cela, et un visage que Courteline et d’autres avaient déjà fait connaître en littérature, celui des gradés et des sous-officiers, d’autant plus charognes qu’ils sont eux-mêmes plus terrorisés.
L’étonnant est que, du spectacle de tant d’écrasement, qui ne cesse pas d’être sensible, naisse ligne à ligne tant de comique.
Céline est ici dans toute la maîtrise de ses moyens. Le discours et l’argot militaires sont un morceau de choix pour cette rencontre de langages qui est pour lui le commencement du style.
De cette transposition du vécu en mots, Tardi fait à son tour une transposition visuelle, avec la même fidélité à la sensibilité célinienne dont il avait déjà fait preuve dans son illustration de Voyage au bout de la nuit.
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L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Casse-pipe / Carnet du cuirassier Destouches »
Adaptant avec une fidélité remarquable le roman inachevé de Louis-Ferdinand Céline, Jacques Tardi livre avec Casse-pipe un livre illustré d’une puissance rare, à la fois sombre et grinçante. L’album plonge le lecteur dans l’enfermement et l’absurdité du quotidien militaire à la veille de la Première Guerre mondiale, où la nuit, le froid et la pluie deviennent des personnages à part entière, oppressants et omniprésents.
Jacques Tardi excelle à restituer l’atmosphère étouffante et le comique amer du texte original. Les thèmes majeurs – l’absurdité de la guerre, la déshumanisation des soldats, l’agressivité banale des hommes et la violence des rapports hiérarchiques – sont transposés avec une acuité saisissante. Loin de tout héroïsme, les personnages, souvent anonymes, expriment une profonde lassitude, oscillant entre résignation et révolte silencieuse. L’argot militaire, cher à Louis-Ferdinand Céline, devient sous le crayon de Tardi une matière sonore et visuelle, source d’un humour noir qui désamorce la tragédie sans jamais l’édulcorer

Graphiquement, Jacques Tardi impose son style inimitable : un noir et blanc expressionniste, des aplats profonds, des visages marqués par la fatigue et la peur, des décors sobres mais évocateurs. Chaque case est pensée pour renforcer l’angoisse, l’enfermement et l’absurdité de la situation, tout en maintenant une lisibilité parfaite. Ce réalisme sombre, allié à une mise en page classique mais efficace, immerge le lecteur dans l’expérience sensorielle et psychologique des soldats.
En conclusion, one peut dire que acques Tardi y déploie toute la force de son art pour faire résonner la voix singulière de Louis-Ferdinand Céline, entre désespoir et dérision, dans un album à la fois bouleversant et d’une modernité saisissante.