Catégorie : Classique Du 20ème Siècle

Ô vous, frères humains

Album publié en 2016 aux éditions Futuropolis.


D’après le roman d‘Albert Cohen publié en 1972.

couverture bd Ô vous, frères humains

«Un enfant juif rencontre la haine le jour de ses dix ans. J’ai été cet enfant.»


En deux courtes phrases, Albert Cohen livre l’essentiel de son propos.

Un texte uppercut qui revit aujourd’hui sous la plume de Luz, né l’année de publication chez Gallimard de ce court récit moins connu que Belle du seigneur ou Solal, lus de générations en générations.

Après son album très personnel, Catharsis, Luz s’attèle à nouveau sur un sujet qui l’habite : la perte de l’innocence.

Il s’affirme ici comme un dessinateur humaniste incontournable.

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Dans un monde où les cicatrices de l’histoire se perpétuent à travers les âges, « Ô vous, frères humains » de Luz apparaît comme une réflexion visuelle aussi bouleversante qu’intemporelle.

Adaptation de l’œuvre éponyme d’Albert Cohen, Luz y transpose le témoignage d’un enfant confronté à la brutalité de l’antisémitisme.

C’est un voyage graphique dans le crâne d’un Cohen vieillissant, hanté par les affres de son enfance. Luz, par le minimalisme de son dessin, parvient à laisser résonner le silence assourdissant d’une insulte qui a fissuré une âme.

Sans cases ni bulles, Luz dépeint avec une précision émotionnelle l’instant où l’innocence est souillée par la haine. Cette haine, qui prélude aux plus grands effrois de l’humanité, trouve dans cette BD un écho visuel percutant. La dualité entre la simplicité du trait de Luz et la complexité des émotions transmises renforce le message humaniste de l’œuvre originale. L’album devient un cri graphique, où chaque coup de pinceau est un appel à la mémoire et à la conscience collective.

L’œuvre de Luz questionne la capacité de l’art à incarner le refus d’une amnésie collective face aux horreurs du passé. En nous montrant comment un enfant juif se voit brutalement assigné à une identité par la calomnie et le rejet, Luz ne fait pas que raconter une histoire – il interpelle chaque lecteur sur les violences quotidiennes qui, bien que moins spectaculaires que les chambres à gaz, n’en sont pas moins destructrices.

« Ô vous, frères humains » est une réussite remarquable qui, loin de se cantonner à la seule évocation d’une époque révolue, s’ancre profondément dans les questionnements de notre présent. Luz nous rappelle avec force que la barbarie commence dans le cœur et le verbe de l’homme, et qu’il est de notre devoir de veiller à ne jamais laisser cette haine se banaliser.

La Neige en deuil

Bande dessinée publiée en 2023 aux éditions Rue de Sèvre.


D’après le roman de Henri Troyat publié en 1952.

couverture bd La Neige en deuil

Isaïe et Marcellin, deux frères, vivent depuis toujours dans leur bergerie familiale au sein de la montagne.

Tout semble pourtant les opposer. Isaïe, marqué par un grave accident d’alpinisme lui ayant laissé des séquelles, vit pour s’occuper de ses moutons.

À l’opposé, Marcellin rêve de quitter la monotonie de ce quotidien pour rejoindre la ville et ouvrir son magasin.

Un jour, un avion s’écrase au sommet de la montagne. On raconte qu’il abrite de l’or.

Prêt à tout pour arriver à ses fins, Marcellin propose à Isaïe une dangereuse expédition à la recherche de l’épave, quitte à mettre en péril leur relation fraternelle.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « La Neige en deuil »

Dans l’adaptation graphique de « La Neige en Deuil » par Dominique Monféry, il y a une collision spectaculaire entre la majesté imperturbable de la montagne et la fragilité déchirante de l’âme humaine.

La montagne, personnifiée presque comme un protagoniste silencieux, est à la fois le théâtre et le juge des drames humains qui se déroulent sur ses flancs enneigés. Monféry saisit cette essence avec une maîtrise qui transcende le médium de la bande dessinée.

Le récit, emprunté au roman d’Henri Troyat, est celui d’une fraternité mise à l’épreuve par la cupidité et le désir d’évasion. Isaïe, le frère aîné, est un monument de résilience, un reliquat du passé qui se tient stoïquement contre les assauts incessants du progrès incarné par son frère cadet, Marcellin.

Le dessin de Monféry est une symphonie visuelle qui joue sur le contraste entre la chaleur des relations familiales et le froid de l’ambition, avec des paysages qui sont autant des tableaux que des toiles de fond.

extrait bd La Neige en deuil

La progression de la palette de couleurs au fil de l’histoire est notable, reflétant la tension croissante et les émotions évoluant de l’espoir à la tragédie. La forme physique de la bande dessinée elle-même, avec ses planches étendues, offre une ampleur qui émule la grandeur de la montagne, tout en permettant une proximité intime avec les personnages.

« La Neige en Deuil » est donc une œuvre qui ne parle pas seulement de deux frères ou d’une montagne, mais d’une humanité aux prises avec ses propres limites, et de la manière dont nos ambitions peuvent nous élever ou nous précipiter vers notre chute. En somme, Monféry livre une méditation graphique sur la condition humaine, tout en rendant hommage à la fois à Troyat et à la puissance de la nature.

La belle image

Bande dessinée publiée en 2011 aux éditions Futuropolis.


D’après le roman de Marcel Aymé publié en 1941.

couverture bd La belle image

En l’espace d’un instant, la vie d’un homme ordinaire bascule. Les passantes le suivent du regard, leurs yeux brillent, elles lui sourient… Il a changé de visage.


Mieux encore, ses traits se sont affinés, il paraît plus jeune et surtout, plus séduisant. Mais s’il gagne au change, il est devenu par la même occasion un parfait étranger pour tous ses proches. Plus personne ne le reconnaît et c’est toute sa vie qui se dérobe et qu’il doit réinventer.


Entre le charme de son épouse et celui de l’envoûtante Sarrazine, c’est aussi l’heure des choix et il va découvrir que cette «belle image» peut s’avérer difficile à porter…


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « La belle image »

Dans « La Belle Image« , Cyril Bonin s’empare avec audace du roman de Marcel Aymé pour le métamorphoser en une bande dessinée d’une finesse psychologique remarquable.

L’histoire de Raoul Cérusier, homme ordinaire doté d’un nouveau visage par un sortilège du quotidien, interroge profondément sur la notion d’identité et le poids de l’apparence dans nos sociétés.

Le dessin de Bonin, avec ses traits expressifs et ses couleurs empreintes de nostalgie, donne corps aux tourments intérieurs du protagoniste et à ce Paris aux allures intemporelles. La transformation de Raoul ne se limite pas à un changement esthétique ; elle conduit à une cascade de remises en question sur sa vie, ses choix et ses relations, dessinant une chronique sociale captivante.

extrait bd La belle image

Si le rythme de la narration peut sembler lent, il n’en demeure pas moins que cette lenteur semble volontaire, épousant le pas hésitant d’un homme qui redécouvre le monde à travers un regard neuf. Cette lenteur est aussi le reflet d’une certaine monochromie des teintes utilisées, renforçant la sensation d’étrangeté qui s’empare du lecteur.

« La Belle Image » est plus qu’une simple adaptation. Bonin réussit à capturer l’esprit d’Aymé tout en offrant une perspective neuve, faisant de cette bande dessinée une lecture réfléchie et mélancolique sur la quête de soi et les illusions de la superficialité

Un sac de billes – Tome 3

Bande dessinée publiée en 2014 aux éditions Futuropolis.


D’après le roman de Joseph Joffo publié en 1973.

couverture bd Un sac de billes - Tome 3

Traduit dans le monde entier, Un sac de billes est devenu un classique de la littérature. Joseph Joffo y raconte ses souvenirs d’enfant Juif durant l’Occupation allemande.

La force de son récit réside en la candeur et le pragmatisme du regard d’enfant, qu’il porte, à l’époque, sur les faits quotidiens de cette étrange et terrible période.

Un classique adapté en bande dessinée par Kris et Vincent Bailly.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Un sac de billes – Tome 3 »

Dans le troisième tome de « Un sac de billes« , le dessinateur Vincent Bailly et le scénariste Kris poursuivent l’adaptation des mémoires de Joseph Joffo avec une sensibilité graphique captivante.

L’œuvre, qui s’inscrit dans le Paris de l’après-Seconde Guerre mondiale, dépeint avec justesse les tribulations adolescentes de Jo, personnage central du récit.

La force de cette bande dessinée réside dans sa capacité à mêler légèreté et profondeur, en dévoilant les rêves et les désillusions d’un jeune homme confronté à la dure réalité d’un monde en reconstruction.

À travers les jeux de baby-foot, les combats de boxe abandonnés, et les petits trafics, Jo émerge comme un protagoniste aussi ingénieux qu’attachant, dont la quête de liberté et d’identité résonne avec universalité.

L’art de Bailly brille particulièrement dans l’usage de l’aquarelle, conférant une douceur mélancolique à la palette de l’immédiat après-guerre.

extrait bd Un sac de billes - Tome 1

Kris, quant à lui, manie la plume avec une dextérité qui équilibre habillement le rythme de la narration, jonglant entre les moments d’effervescence et de contemplation.

« Un sac de billes – Tome 3 » peut sembler manquer de l’intensité émotionnelle de ses prédécesseurs, il n’en demeure pas moins une œuvre d’une grande finesse, témoignant de l’adolescence comme d’un moment de vie riche de promesses et d’incertitudes.

Un sac de billes – Tome 2

Bande dessinée publiée en 2012 aux éditions Futuropolis.


D’après le roman de Joseph Joffo publié en 1973.

couverture bd tome 2

Traduit dans le monde entier, Un sac de billes est devenu un classique de la littérature. Joseph Joffo y raconte ses souvenirs d’enfant Juif durant l’Occupation allemande.

La force de son récit réside en la candeur et le pragmatisme du regard d’enfant, qu’il porte, à l’époque, sur les faits quotidiens de cette étrange et terrible période.

Un classique adapté en bande dessinée par Kris et Vincent Bailly.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Un sac de billes – Tome 2 »

Dans le deuxième tome de l’adaptation graphique de « Un sac de billes » par Kris et Vincent Bailly, le périple continue pour les jeunes frères Joffo dans une France déchirée par la guerre. Si le premier tome plantait le décor d’une fuite dramatique mais nécessaire, ce second volume nous entraîne plus profondément dans leur quête d’innocence perdue, de liberté et de survie.

Le trait délicat de Bailly, déjà remarqué dans le premier opus, se fait plus assuré, capturant avec une acuité renouvelée les émotions complexes de Joseph et Maurice. Leur voyage est un équilibre précaire entre l’effroi et l’émerveillement, chaque page témoignant de la gravité de leur situation, tempérée par leur résilience enfantine.

extrait bd Un sac de billes - Tome 2

Kris, de son côté, continue de manier le récit avec dextérité, insufflant un rythme qui donne corps à la tension narrative. Sa capacité à rendre hommage au texte source tout en le réinventant visuellement est remarquable. L’adaptation ne s’écarte pas du poids de l’histoire, mais offre un regard renouvelé, à la fois frais et poignant.

Ce tome 2 ne se contente pas de suivre les traces de son prédécesseur; il le dépasse, explorant avec une subtilité accrue les thèmes de l’identité, du courage et de la fraternité.

Un sac de billes – Tome 1

Bande dessinée publiée en 2011 aux éditions Futuropolis.


D’après le roman de Joseph Joffo publié en 1973.

couverture bd Un sac de billes - Tome 1

Traduit dans le monde entier, Un sac de billes est devenu un classique de la littérature. Joseph Joffo y raconte ses souvenirs d’enfant Juif durant l’Occupation allemande.

La force de son récit réside en la candeur et le pragmatisme du regard d’enfant, qu’il porte, à l’époque, sur les faits quotidiens de cette étrange et terrible période.

Un classique adapté en bande dessinée par Kris et Vincent Bailly.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Un sac de billes – Tome 1 »

Dans la constellation des bandes dessinées historiques, « Un sac de billes – Tome 1 » brille d’un éclat particulier.

Cette adaptation graphique du roman autobiographique de Joseph Joffo par Kris et Vincent Bailly parvient à capturer l’essence d’une époque révolue avec une grâce inattendue et une acuité émotionnelle.

L’histoire est celle de l’innocence foulée aux pieds par la barbarie, celle de deux frères, Joseph et Maurice, dont le jeu enfantin est brutalement interrompu par l’occupation nazie. Le récit, dense et poignant, s’inscrit dans les méandres de la Seconde Guerre mondiale, une toile de fond tragique pour une aventure où la survie se mêle à la perte de l’insouciance.

Le trait de Bailly est une révélation. Chaque planche est une fenêtre ouverte sur le passé, où les détails minutieux des rues de Paris et des visages des protagonistes racontent des histoires sans mots.

Les nuances de la couleur directe transcendent la simple illustration pour devenir le reflet des émotions et des tensions de l’époque. Cette harmonie entre le texte et l’image crée une synergie qui transporte le lecteur au cœur de l’histoire.

extrait bd Un sac de billes - Tome 1

Le scénario de Kris fait preuve d’une fidélité louable à l’œuvre originale, tout en exploitant pleinement le potentiel narratif de la bande dessinée.

La chronique sociale se déroule avec une fluidité qui rend justice à la complexité des thèmes abordés, tels que l’identité, la fraternité et la résilience. Le voyage des jeunes frères est à la fois une évasion géographique et une quête intérieure, une métaphore puissante de la transition de l’enfance vers une maturité forcée.

En somme, « Un sac de billes – Tome 1 » est une réussite, la brièveté du tome laisse le lecteur avide de plus. Vivement le second tome !

Mendiants et orgueilleux

Bande dessinée publiée en 2009 aux éditions Futuropolis.


D’après le roman de Albert Cossery publié en septembre 1955.

couverture bd Mendiants et orgueilleux

Quinze ans avant la vogue des adaptations littéraires en bandes dessinées, Golo adaptait avec succès le roman d’Albert CosseryMendiants et orgueilleux.

Quinze ans après sa première publication dans «(À suivre)», Futuropolis réédite ce livre essentiel. Cossery y dépeint les laissés-pour-compte des quartiers miséreux du Caire, faisant l’éloge du dénuement et de la paresse conçus comme un art de vivre, en opposition à nos pratiques occidentales : «Gagner est un mot obscène, un terme de commerce. Je hais l’argent et l’ambition, ils sont la cause de tous les malheurs du monde.

En Orient, lorsqu’on a de quoi vivre, on ne travaille pas. En Occident, plus on a d’argent, plus on en veut.»
Un livre essentiel pour Golo qui s’est installé alors au Caire, et qui revient aujourd’hui, avec Mes mille et une nuits au Caire, sur sa ville d’adoption et ses habitants, avec chaleur et humanité.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Mendiants et orgueilleux »

Dans l’ édition graphique de « Mendiants et orgueilleux » par Golo, inspirée du roman d’Albert Cossery, le Caire s’illustre comme le théâtre d’une humanité fracturée. Le dessin, épuré et poignant, porte le récit d’une société cairote clivée non seulement par les richesses, mais aussi par les idéaux.

Gohar, l’ancien philosophe devenu mendiant, est le symbole d’un dénuement qui, loin de l’abattre, semble lui conférer une forme de noblesse austère. La dualité se lit dans chaque trait, chaque ombre de ce roman graphique où la misère côtoie la grandeur d’âme.

La narration visuelle met en relief la satire sociale du roman original. Elle illustre avec acuité la superficialité des possédants et l’authenticité des pauvres, questionnant la véritable essence de la richesse.

extrait bd Mendiants et orgueilleux

L’adaptation de Golo reste fidèle à l’esprit subversif de Cossery, transposant le mépris pour le matérialisme dans un langage visuel qui résonne avec le caractère intemporel du message. Ce n’est pas tant dans les possessions que dans l’indépendance de l’esprit que Gohar et ses compagnons d’infortune trouvent leur dignité.

Le personnage d’El Kordi, oscillant entre son milieu bourgeois et son aspiration à la solidarité avec les plus démunis, incarne cette lutte intérieure et souligne l’hypocrisie d’une société où les apparences sont reines. La révolte qu’il symbolise est aussi intérieure que sociale, un appel à la lucidité dans un monde d’illusions.

« Mendiants et orgueilleux » se révèle ainsi être une œuvre où la simplicité du dessin contraste avec la complexité des thématiques, un réquisitoire graphique contre l’aliénation par l’argent et un éloge de la liberté de l’esprit.

Big Foot

Bande dessinée publiée en 2017 aux éditions Futuropolis.


D’après le roman Le Monstre des Hawkline de Richard Brautigan publié en septembre 1974.

couverture bd Big Foot

Avant La Forêt des renards pendus, Nicolas Dumontheuil a adapté librement Le Monstre des Hawkline de Richard Brautigan.

Il rend ainsi hommage aux personnages et à l’humour de Richard Brautigan qui avait écrit ce roman pour «faire marrer» ses copains du Montana.


Nicolas Dumontheuil a relevé haut la main ce défi et signe un western loufoque particulièrement jubilatoire!

Paru initialement en 3 tomes, Big Foot paraît enfin en version intégrale!


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Big Foot »

Dans le paysage du neuvième art, « Big Foot » de Nicolas Dumontheuil émerge comme un roc d’originalité dans la plaine souvent trop lisse des westerns en bande dessinée.

Si Brautigan avait écrit « Le Monstre des Hawkline » pour amuser ses amis du Montana, Dumontheuil a plongé dans cet univers avec un malin plaisir, sculptant un hommage qui suinte l’ironie et l’absurde.

L’ouvrage est une fresque qui défie le temps, un western atypique où le légendaire Big Foot est prétexte à une sarabande de situations aussi cocasses qu’incongrues. Les personnages de Ned et Zeb, cow-boys à la gâchette facile et aux visages burinés par l’absurde, entraînent le lecteur dans une danse frénétique où l’humour côtoie l’irrévérence, et où chaque case semble un tableau d’une exposition dédiée à l’étrangeté.

Le trait de Dumontheuil, libre et expressif, accompagne un scénario qui, bien que flirtant avec le surréel, reste ancré dans une profondeur insoupçonnée. La palette de couleurs d’Isabelle Merlet ajoute à cette dimension une touche de vivacité, faisant de chaque page une célébration du non-conformisme graphique.

extrait bd Big Foot

Cependant, cette même originalité qui fait le sel de « Big Foot » peut aussi en faire son poison. Le lecteur en quête de repères traditionnels pourrait se perdre dans cette forêt narrative dense et peuplée de bizarreries.

En définitive, « Big Foot » est une œuvre clivante, un ovni littéraire qui divise par son audace et sa volonté de rompre avec les conventions. Elle est à la fois une invitation à la liberté créative et un test pour le palais du lecteur.

Trois fois un

Bande dessinée publiée en 2007 aux éditions Futuropolis.


D’après le recueil Tout à l’ego de Tonino Benacquista publié en 1999.

couverture bd Trois fois un

Après La Boîte noire transposé en bande dessinée et au cinéma, ce sont trois autres nouvelles de Tonino Benacquista, tirées du recueil Tout à l’ego, qui sont aujourd’hui adaptées par une jeune dessinatrice au talent plus que prometteur.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Trois fois un »

Dans « Trois fois un« , Gabrielle Piquet se fait l’écho de Tonino Benacquista à travers trois récits qui explorent l’humain dans ce qu’il a de plus intime et surprenant.

L’album débute avec « La Volière », un conte sur l’héritage et le mystère familial, où un jeune homme confronté au dernier souhait d’un oncle mourant plonge dans une quête de sens touchante.

« La Pétition » nous propulse dans une comédie de circonstances où la malchance d’un journaliste se mêle à la nostalgie amoureuse, créant une dynamique à la fois amère et humoristique.

Enfin, « Q.I. » révèle avec sensibilité l’isolement d’un enfant surdoué, donnant voix à ses pensées les plus profondes.

extrait bd Trois fois un

Piquet, avec un dessin évoquant le travail de Sempé, réussit à capturer ces émotions dans des traits simples mais expressifs. Cet ouvrage, loin d’être un simple divertissement, s’impose comme une œuvre réfléchie, dessinant avec finesse les contours du cœur humain.

Le petit bleu de la côte Ouest

Bande dessinée publiée en 2008 aux éditions Futuropolis.


D’après le roman de Jean-Patrick Manchette publié en 1976.

«D’un côté Manchette, de l’autre Tardi.
Le petit bleu de la côte Ouest nous parlait sur fond de Gerry Mulligan et Bob Brookmeyer, du temps d’alors, de la crise profonde d’un homme, reflet de celle du monde qui l’entourait.

Le temps d’alors est celui d’aujourd’hui. La crise est toujours là, sans doute encore plus profonde. Et Gerfaut continue d’avoir le « blues » et à tourner sur le boulevard périphérique extérieur de Paris, vers trois heures du matin, à 145 km/h, à la rencontre d’une inévitable violence. Tardi a trouvé l’équivalent graphique, « réaliste et critique », de ce monde perdu et violent. Il pratique l’arrêt sur image avec une précision clinique, notamment lorsque tout dérape.

Fidèle à l’esprit du texte, il s’est gardé de faire « davantage qu’un polar ». À l’heure où Manchette accède aux collections « littéraires », il s’est fait un point d’honneur d’entrer dans son univers. On peut tout aussi bien dire qu’il a invité Manchette dans le sien.»
François Guérif.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le petit bleu de la côte Ouest »

Dans « Le petit bleu de la côte Ouest« , Jacques Tardi se fait l’architecte d’un noir et blanc qui résonne avec la force d’un cri dans le silence de la nuit. Cette bande dessinée, adaptation du roman de Jean-Patrick Manchette, est un hommage au genre noir, porté par un dessin qui capte l’essence d’une époque et d’une société à la dérive.

Tardi, avec sa maestria graphique habituelle, traduit avec acuité les thèmes de Manchette : critique sociale, destin individuel broyé par les rouages implacables du capitalisme et une violence brute. Ses personnages sont taillés à la serpe, leurs visages ciselés traduisant une gamme d’émotions qui va de la désillusion la plus sombre à la rage la plus pure.

L’intrigue de « Le petit bleu de la côte Ouest » est celle d’un homme pris dans la tourmente d’une conspiration qui le dépasse. George Gerfaut, anti-héros malgré lui, se retrouve malencontreusement au centre d’une toile d’araignée dont chaque fil est trempé dans le poison de la trahison et de la corruption.

Tardi ne se contente pas de suivre le récit, il le transcende par des planches où la composition, le jeu d’ombres et de lumières, contribuent à créer une atmosphère oppressante, presque étouffante.

Le noir et blanc utilisé par Tardi n’est pas un simple choix esthétique, c’est un langage. Les contrastes marqués, les silhouettes et les décors urbains sont autant de métaphores visuelles d’un monde en noirceur, où les éclats de lumière sont d’autant plus éblouissants qu’ils sont rares et fugaces.

« Le petit bleu de la côte Ouest » est donc bien plus qu’une adaptation ; c’est une œuvre qui, tout en restant fidèle à l’esprit de Manchette, offre une vision unique et personnelle de Tardi. Le lecteur est invité non seulement à suivre une histoire, mais aussi à contempler une œuvre d’art où chaque case est un tableau.