Catégorie : Classique Du 19ème Siècle

Cyrano de Bergerac en bandes dessinées

Album publié une première fois en 2016 aux Editions Petit à Petit.


Adapté de la pièce de théâtre d’ Edmond Rostand (28 décembre 1897)

Le texte intégral d’Edmond Rostand est superbement mis en valeur dans cette bande dessinée réjouissante.

Tout y est fait pour rendre la lecture aussi agréable et animée qu’une représentation sur scène. Le dessin est la clé de l’accessibilité : il offre des repères visuels évidents, complète à merveille ce texte exceptionnel et aide à la compréhension des enjeux et des aspirations de chacun.

La bande dessinée apporte une mise en scène intuitive, et une immédiate plongée dans l’action.

Elle ravira autant les amoureux de Cyrano que les jeunes aventuriers qui découvrent ce classique avec plaisir pour la première fois.

Une préface signée Philippe Torreton !


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Cyrano de Bergerac en bandes dessinées »

L’adaptation de « Cyrano de Bergerac » par Fanch Juteau se dresse comme une vigoureuse évocation de l’esprit littéraire d’Edmond Rostand. Avec une audace graphique mesurée, Juteau capture le lyrisme et la bravoure de Cyrano, ce mousquetaire dont le nez proéminent n’a d’égal que son esprit affûté.

Cette édition en noir et blanc se distingue par la délicatesse de son coup de crayon qui, loin de trahir les vers classiques, les enchâsse dans un écrin visuel où chaque trait semble rythmer la cadence des alexandrins. Le choix de la fidélité textuelle est un hommage respectueux, transformant la pièce en une expérience immersive, où la langue de Rostand résonne avec une modernité surprenante.

Le travail de Juteau n’est pas seulement une prouesse artistique, mais aussi un vecteur pédagogique. Les annotations discrètes et éclairantes qui bordent les pages sont des lanternes qui guident le lecteur à travers les subtilités de la langue du XVIIe siècle, rendant l’œuvre originale non seulement accessible mais profondément humaine.

C’est une traversée du temps que propose Juteau, où l’on redécouvre les sentiments inaltérables de Cyrano, l’ardeur des passions et l’universalité de l’amour. La BD devient un pont entre le passé et le présent, capturant l’esprit de la comédie héroïque tout en offrant une porte d’entrée à ceux qui n’auraient jamais osé franchir le seuil du théâtre classique.

Cette bande dessinée est une révérence faite à Rostand, un périple où le trait de Juteau se fait poésie, et où la poésie se fait image. Une œuvre qui, telle une épée levée au clair de lune, défend la pertinence du classique et invite à la redécouverte passionnée d’un monument de la littérature française.

L’Homme qui rit – Tome 4

Bande dessinée publiée en 2011 aux éditions Delcourt.


D’après le roman de Victor Hugo publié en avril 1869.

En ruine !

couverture bd L Homme qui rit - Tome 2

Gwynplaine découvre les origines de sa naissance.

Il est le fils légitime de Lord Clancharlie, un pair d’Angleterre, et a été vendu aux Comprachicos à la suite de la déchéance de son père.

Un moment enivré par cette révélation, il entend retrouver son rang.

Mais après avoir goûté aux fastes, il décide de retourner vers ses vrais amis…

Arrivera-t-il à temps pour les sauver d’un funeste épilogue ?


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « L’Homme qui rit – Tome 4 »

Dans le quatrième et dernier opus de l’adaptation graphique de « L’Homme qui rit » par Jean David Morvan et Nicolas Delestret, le roman de Victor Hugo est sublimé en images puissantes qui transcendent les mots pour parler directement à l’âme.

La conclusion de ce périple graphique, « En ruine !« , n’est pas qu’un simple épilogue mais une apothéose qui canalise toute la force émotionnelle du récit original.

Morvan, en fidèle scénariste, a su distiller l’essence du message d’Hugo, tandis que Delestret, à travers son pinceau, rend visible l’invisible douleur de Gwynplaine, ce personnage défiguré par la cruauté du sort mais noblement sculpté par la compassion de l’auteur.

La symbiose entre le texte et l’image atteint son apogée lors du discours de Gwynplaine à la Chambre des Lords, moment où le protagoniste dévoile sa vérité déchirante face à une aristocratie muette.

La descente aux enfers de Gwynplaine, après la révélation de ses origines et la confrontation avec son nouveau statut de pair d’Angleterre, est une métaphore de la quête d’identité et de la lutte contre les préjugés.

Ce tome est une réussite non seulement narrative mais aussi graphique. Le dessin de Delestret est une fenêtre ouverte sur l’époque, ses décors et ses costumes, mais surtout sur l’âme tourmentée des personnages. L’adaptation parvient à être fidèle tout en se réappropriant l’histoire pour la rendre accessible et vibrante pour un public moderne.

Morvan et Delestret offrent une œuvre qui, bien que s’inscrivant dans une tradition littéraire classique, s’affirme comme une création contemporaine forte et résonnante.

L’Homme qui rit – Tome 3

Bande dessinée publiée en 2009 aux éditions Delcourt.


D’après le roman de Victor Hugo publié en avril 1869.

La Tentation de saint Gwynplaine.

couverture bd L Homme qui rit - Tome 3

Angleterre, XVIIe siècle.

Ursus pleure Gwynplaine, celui que l’on nommait l’homme qui rit.

Il le croit mort et enterré alors que repose dans le cercueil le cadavre d’un autre…

Ce dernier, avant d’être tué, aurait fait une troublante révélation : il y a de nombreuses années, lui et ses comprachicos auraient été payés pour déformer le visage d’un enfant qui se trouvait être le fils de Lord Clancharlie !


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « L’Homme qui rit – Tome 3 »

Dans « La Tentation de saint Gwynplaine« , troisième acte graphique d’une série inspirée du roman de Victor Hugo, Jean David Morvan et Nicolas Delestret tissent une toile sombre où s’entremêlent destin et défiguration.

C’est un Gwynplaine arraché à sa troupe de saltimbanques et propulsé dans les hautes sphères de l’aristocratie anglaise que nous retrouvons, déchiré entre son identité grotesque de scène et sa noblesse d’héritage révélée.

Le récit, qui a emprunté la voie de la bande dessinée pour se réinventer, s’efforce de garder l’âme hugolienne, tout en y ajoutant des nuances propres au neuvième art. L’illustration n’est pas en reste, capturant avec une précision déconcertante la complexité des émotions qui traversent notre héros.

« La Tentation de saint Gwynplaine » est une œuvre qui se balance entre l’hommage fidèle et l’interprétation audacieuse, un funambule graphique sur la corde raide de l’adaptation littéraire.

Elle s’adresse à ceux qui cherchent à voir un classique sous un nouveau jour, tout en restant ancrée dans le paradoxe de son double héritage, celui d’une histoire intemporelle et d’une forme artistique en constante évolution.

L’Homme qui rit – Tome 2

Bande dessinée publiée en 2008 aux éditions Delcourt.


D’après le roman de Victor Hugo publié en avril 1869.

Chaos vaincu.

couverture bd L Homme qui rit - Tome 2

Les années ont passé depuis que Gwynplaine, un garçon marqué d’une profonde cicatrice au visage, et Déa, un nourrisson endormi au pied d’un gibet, ont été recueillis par le vieil Ursus.

Désormais, ils connaissent le bonheur d’une vraie famille et partagent le succès de leur pièce de théâtre « Chaos vaincu ».

Mais la vie réserve aussi ses coups du sort…


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « L’Homme qui rit – Tome 2 »

Dans « L’homme qui rit – tome 2« , Jean David Morvan et Nicolas Delestret s’attaquent avec audace à l’adaptation d’une œuvre monumentale de Victor Hugo, un défi aussi périlleux que fascinant.

Là où la prose hugolienne tisse un drame social et humain dense, la bande dessinée doit transmuter la richesse textuelle en un langage visuel captivant.

Ce second tome s’inscrit dans la continuité du premier, explorant les conséquences d’une société clivée par les inégalités, à travers le prisme déformant de la difformité de Gwynplaine.

Le dessin de Delestret offre une interprétation graphique qui oscille entre fidélité à l’époque et modernité stylistique, une balance qui par moments enchante et, à d’autres, laisse une impression de discordance. L’illustrateur parvient néanmoins à capturer l’atmosphère sombre et la complexité des émotions, un exploit non négligeable.

Morvan, quant à lui, se heurte à l’immense tâche de condenser et de dialoguer un texte classique sans en perdre la substantifique moelle. Si parfois la narration s’avère dense, voire précipitée, elle demeure respectueuse de l’esprit hugolien, entre dénonciation sociale et quête identitaire.

Le récit se tisse autour de la troupe ambulante, devenue phare de la culture populaire londonienne, et des intrigues aristocratiques, où la jalousie et les complots mènent la danse. Les personnages, si vivement dessinés par Hugo, retrouvent une seconde vie sous le crayon de Delestret, et bien que le format séquentiel puisse limiter leur profondeur, leur essence tragique et leur lutte intérieure sont palpables.

« L’homme qui rit – tome 2 » est une œuvre de contrastes, où la réussite côtoie la limite des possibles de l’adaptation graphique. Si elle ne saurait égaler la puissance de l’original, elle demeure une porte d’entrée visuellement engageante vers l’univers de Hugo

L’Homme qui rit – Tome 1

Bande dessinée publiée en 2007 aux éditions Delcourt.


D’après le roman de Victor Hugo publié en avril 1869.

La Mer et la Nuit.

couverture bd L Homme qui rit - Tome 1

Suite à une altercation avec les habitants d’une cité, des gitans prennent la fuite sur leur navire, abandonnant un des leurs.

Lorsqu’une tempête les surprend et les pousse vers les récifs, ils décident de sauver un jeune garçon et le rebaptisent « son of the mauvais sort »… puis périssent dans le naufrage !

L’enfant, seul rescapé du drame, erre sur une route, épuisé, lorsqu’il découvre un nourrisson sur le corps d’une femme…


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « L’Homme qui rit – Tome 1 »

Dans la tentative audacieuse de Jean David Morvan et Nicolas Delestret de donner vie graphique à « L’Homme qui rit » de Victor Hugo, le premier tome de cette bande dessinée se débat entre l’innovation et la tradition.

L’approche steampunk érige un pont entre le passé et une vision presque futuriste, faisant écho aux thèmes atemporels de l’œuvre originelle. Cependant, cette liberté créative se confronte à l’épreuve du goût des lecteurs…

La palette de couleurs sombres et un graphisme qui divise reflètent les profondeurs et la complexité du texte hugolien, mais aussi le risque d’éloigner ceux en quête de clarté et de fidélité au classicisme.

La narration, si elle cherche à respecter l’essence du récit original, semble comme éparpillée, un écueil peut-être inhérent à l’exercice de condensation d’un roman si riche en une série limitée de planches. En même temps, ce format offre une densité qui peut être appréciée en tant qu’hommage à la prose luxuriante de Hugo.

Ce tome laisse donc le lecteur dans un entre-deux intrigant, entre l’hommage et la re-création, entre l’ombre et la lumière, entre le passé et une vision revisitée.

Histoires de Bretagne – T04 – Le Gardien du feu – Partie 2

Albums publiés en 2010 aux éditions Soleil.


Résumé éditeur

L’adaptation du célèbre roman d’Anatole Le Braz publié pour la première fois en 1900.

Cloîtré dans un phare au large de la Pointe du Raz, Goulven Dénès raconte ce qui l’a poussé à commettre un crime incroyablement cruel.

Rien ne devait rapprocher ce sombre Léonard d’une belle et insouciante Trégorroise.

Et pourtant Goulven se prend d’un amour fou et maladroit pour Adèle, qu’il adule sans être capable de la rendre heureuse…

Une passion maladive exacerbée par le cadre étouffant d’un phare, au large d’un Cap Sizun hostile, qui le mène à commettre un crime incroyablement cruel.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Histoires de Bretagne – T04 – Le Gardien du feu – Partie 2 »

Dans « Le gardien de feu – Tome 2 – Adèle« , François Debois, secondé par le pinceau expressif de Sandro, poursuit avec une maîtrise sombre le récit de passions dévorantes sur fond de landes bretonnes.

L’ouvrage, qui clôt ce diptyque, s’empare de l’ambiance âpre des côtes du Finistère pour déployer un drame humain, où l’amour côtoie la trahison et la folie. Le phare, personnage à part entière, veille sur les destins croisés de Goulven, Adèle et Hervé, dans une histoire où le huis clos maritime se fait écho du tumulte des cœurs.

Le trait de Sandro, alliant rugosité et éclats de lumière, offre une porte ouverte sur l’âme de ces personnages tourmentés, tandis que le scénario de Debois, bien qu’empruntant à des thématiques classiques du triangle amoureux, surprend par son intensité psychologique. La dimension tragique s’accentue au fil des pages, dépeignant avec une efficacité redoutable le basculement dans la vengeance et la folie.

extrait bd bd Le gardien de feu - Tome 2 - Adèle

Cette bande dessinée n’est pas qu’une simple lecture; c’est une immersion dans une Bretagne mythique et sauvage, où le surnaturel frôle le quotidien.

« Le gardien de feu » est une œuvre qui, au-delà de ses qualités narratives et esthétiques, interroge sur la nature humaine et la fine frontière entre l’amour fou et la démence.



Lieu visité par la bd en Bretagne

Phare de la Vieille

Poil de Carotte (Petit à Petit)

Bande dessinée publiée en 2010 aux éditions Petit à Petit.


D’après le roman de Jules Renard publié en 1894

La célèbre histoire de Poil de Carotte est celle d’un enfant roux mal aimé, victime d’une famille cruelle.

François Lepic, de son vrai nom, grandit entre une mère qui le hait et un père indifférent.

On suit le parcours de ce jeune garçon, sa relation avec ses parents, avec le monde qui l’entoure et avec la nature.

Poil de Carotte utilise la ruse pour lutter contre les humiliations du quotidien et braver le monde des adultes.

Ainsi, malgré le drame, on savoure de délicieuses aventures, drôles, cocasses, émouvantes, souvent traitées avec l’ironie si bien maîtrisée par le scénariste Luc Duthil et la dessinatrice Céline Riffard.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Poil de Carotte »

« Poil de Carotte » de Luc Duthil et Céline Riffard s’érige en tant qu’adaptation remarquable qui parvient à capturer l’essence de l’œuvre originale de Jules Renard, tout en insufflant une modernité saisissante à travers le prisme de la BD. Cette œuvre graphique nous plonge dans la complexité des relations familiales, mises en lumière par une narration visuelle aussi expressive que poignante.

La plume de Duthil, à la fois acérée et délicate, reconstruit avec subtilité l’univers de Renard. Il peint le portrait de François Lepic, alias Poil de Carotte, un enfant aux prises avec l’indifférence paternelle et la cruauté maternelle, dans un style qui oscille entre la satire sociale et une tendre mélancolie.

Le jeune garçon, mal aimé et souvent chahuté par le sort, trouve dans la ruse et une ironie innée les armes pour affronter un quotidien qui ne lui fait pas de cadeaux. Cette adaptation ne se contente pas de représenter les tourments de Poil de Carotte ; elle invite aussi à réfléchir sur la résilience et la capacité à trouver de la beauté et de l’espoir dans les interstices d’une vie qui semble parfois vouloir l’engloutir.

Le trait de Riffard, quant à lui, est une ode à la complémentarité avec le texte de Duthil. Les illustrations, vives et captivantes, ne trahissent pas la gravité du récit ; elles lui offrent au contraire un contrepoint visuel qui amplifie les émotions.

Les couleurs chaudes et l’expressionnisme subtil des personnages confèrent à la bande dessinée une dimension presque théâtrale, où chaque case est une scène chargée de significations et d’émotions.

La dualité entre le scénario et le graphisme crée un dialogue où l’humour et la tragédie se côtoient sans jamais se confondre, une prouesse qui témoigne de la maîtrise des auteurs sur leur art. « Poil de Carotte » ne se lit pas uniquement avec les yeux ; il se ressent, faisant appel à la sensibilité et à l’intelligence émotionnelle du lecteur.

Cette œuvre s’impose comme un incontournable dans le paysage de la bande dessinée francophone, un classique revisité qui, bien que fidèle à son matériau d’origine, n’hésite pas à explorer de nouvelles avenues narratives et esthétiques. Elle s’adresse à tous ceux qui, à l’instar de Poil de Carotte, cherchent leur place dans un monde qui n’est pas toujours prêt à les accueillir.

Les frères Corses – Tome 2 – Le Témoin

Album publié en 2016 aux éditions DCL.


Résumé éditeur

Adapté de l’œuvre Les frères Corses de Alexandre Dumas publié la première fois en 1844.

Mars 1841. Après un voyage en Corse et alors qu’il rentre chez lui à Paris, Alexandre Dumas se rend chez Louis de Franchi, afin de lui transmettre le courrier de sa famille, qui vit dans le village de Sollacaro.

Se nouant d’amitié avec le jeune avocat insulaire, Alexandre Dumas accepte de l’accompagner au bal de l’Opéra.

Là, les deux hommes sont invités à dîner dans la nuit. Espérant y retrouver la femme qu’il aime en secret, Louis de Franchi accepte.

Mais lorsqu’au cours du repas mondain la jeune femme est humiliée publiquement par son amant, Louis vole à son secours et provoque en duel le fameux et redoutable de Château-Renaud.

Avant d’en découdre au bois de Vincennes, et dans la nuit précédant le combat, le jeune Corse reçoit la visite du fantôme de son défunt père lui annonçant sa mort prochaine.

Pendant ce temps, Lucien de Franchi quitte la Corse afin de rejoindre son jumeau à Paris. Dès lors, le surnaturel et la mort s’invitent dans ce récit passionné et passionnant.

Mais il n’est pas au bout de ses surprises…


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Les frères Corses – Tome 2 – Le Témoin »

Dans la veine de la littérature classique et de la tradition graphique, « Les frères Corses – Tome 2 – Le Témoin » de Frédéric Bertocchini, illustré par Eric Rückstühl et colorisé par Pascal Nino, s’aventure avec audace sur les traces d’Alexandre Dumas.

Cet opus clôt la diptyque commencée par « Les Frères Corses – Tome 1 – Le Paceru« , emportant le lecteur dans un Paris de 1841 où le mystère et le surnaturel dansent un ballet aussi élégant que mélancolique.

Bertocchini, avec une main de maître, nous présente un Alexandre Dumas en plein cœur d’une intrigue qui dépasse la fiction. À travers les yeux de Louis de Franchi, jeune avocat corse, le récit dépeint une fraternité déchirée par le destin. Le pathos de l’histoire s’entrelace avec la beauté tragique de l’île de Corse, évoquant les thèmes universels de l’honneur et de la vendetta insulaire.

Le scénario, bien qu’ancré dans un contexte historique et littéraire dense, ne perd jamais le lecteur grâce à un rythme bien maîtrisé et des dialogues ciselés. La bande dessinée se lit comme un roman d’antan, avec la vivacité et le dynamisme propre au neuvième art.

Les dessins de Rückstühl et les couleurs de Nino se marient à merveille avec le ton de l’œuvre, créant une atmosphère qui oscille entre réalisme historique et lyrisme. Les expressions des personnages portent en elles les émotions complexes de l’intrigue, tandis que les arrière-plans détaillés invitent à une immersion totale.

« Les frères Corses – Tome 2 – Le Témoin » est ainsi une lecture recommandée non seulement pour les passionnés de Dumas et les amateurs de récits historiques,



Lieu visité par la bd en Corse

Sollacaro

Voyage avec un âne

Bande dessinée publiée en 2024 aux éditions Futuropolis.


Librement adapté du récit de Robert Louis Stevenson publié en juin 1879.

couverture bd Voyage avec un âne

En septembre 1878, Robert Louis Stevenson a 28 ans. Accompagné de Modestine, une ânesse rétive, il traverse en douze jours les Cévennes, de Monastier à Saint-Jean-du-Gard.

Dormant sous les étoiles qui avaient éclairé la révolte des camisards, se lavant dans l’eau courante des rivières, amical envers les moines trappistes comme envers les dissidents protestants, il découvre la magie des rencontres, la complicité des paysages, l’ivresse de la liberté.

Lui qui est parti sur la route à la suite de sa rupture avec Fanny Osbourne, une américaine mariée de 10 ans son aînée, il trouve en chemin toutes les raisons de croire en l’amour qui va changer son existence et ramène le livre le plus cordial et le plus confiant en la vie.

Après la mort de Stevenson, le succès du livre et l’engouement pour ce voyage se développent au point qu’en 1978, pour le centenaire, cette randonnée de 220 kilomètres est devenue « le chemin de Stevenson » sous le nom de GR70 !

À partir du livre de l’écrivain écossais, mais aussi à travers sa correspondance, Perrissin et Sterckeman adaptent fidèlement son récit mais aussi le contexte de son voyage.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Voyage avec un âne »

Dans « Voyage avec un âne dans les Cévennes« , Christian Perrissin et Matthieu Blanchin revisitent avec brio le récit de voyage de Robert Louis Stevenson. Cette adaptation en bande dessinée, fidèle à l’esprit du texte original, offre une expérience de lecture immersive et poétique.

Perrissin et Blanchin ont su préserver l’essence du récit de Stevenson en respectant son ton et son rythme. Les dialogues, savoureux, et les personnages, attachants, sont dépeints avec justesse et sensibilité.

L’âne Modestine, compagnon de route de l’écrivain écossais, devient un véritable personnage, doté d’une personnalité propre. Sa relation avec Stevenson, faite de complicité et de confrontation, apporte une touche d’humour et de tendresse à l’histoire.

extrait Voyage avec un âne

La dimension poétique de l’œuvre est indéniable. Les paysages des Cévennes, magnifiquement illustrés par Blanchin, sont mis en valeur par une palette de couleurs automnales qui confère à l’ensemble une atmosphère douce et mélancolique. Les cases, souvent dépourvues de texte, laissent une large place à l’image et invitent le lecteur à la contemplation.

« Voyage avec un âne » est également une réflexion sur la condition humaine et le rapport de l’homme à la nature. Au fil de son périple, Stevenson rencontre des personnages hauts en couleur, qui lui permettent de questionner ses propres valeurs et de porter un regard critique sur la société de son époque.

« Voyage avec un âne » est une adaptation réussie du récit de Stevenson. Servie par un scénario fidèle et un dessin délicat, cette bande dessinée est une invitation au voyage et à la réflexion, qui saura séduire les amateurs de littérature et de belles images. Une promenade poétique et introspective à ne pas manquer.

Le combat d’Henry Fleming

Bande dessinée publiée en 2024 aux éditions Dupuis.


D’après le roman The Red Badge of Courage, de Stephen Crane publié en octobre 1895.

bd Le combat d Henry Fleming

Henry Fleming, un jeune fermier de 18 ans, a quitté sa mère pour s’engager dans l’armée nordiste. Mais au fur et à mesure que le temps passe sans qu’il combatte ni aperçoive un seul rebelle sudiste, la motivation d’Henry s’effiloche.

Jusqu’au jour où arrive la nouvelle que la bataille est pour bientôt…

Cette fois, Henry n’a d’autre choix que de se poser clairement la question : aura-t-il le courage de participer à la grande boucherie des marées humaines se percutant ?

Il trouvera la réponse au cœur des détonations de la bataille, mais aussi du dialogue mené avec lui-même dans l’intimité de son âme tourmentée…

Une somptueuse charge pacifiste interrogeant le concept d’héroïsme, adaptation libre de The Red Badge of Courage, de Stephen Crane, monument de la littérature américaine.

Une nouvelle manière pour Steve Cuzor, après Cinq branches de coton noir, d’explorer le mythe américain.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le combat d’Henry Fleming »

Dans « Le Combat d’Henry Fleming« , Steve Cuzor nous convie à un périple graphique à travers les doutes et les désillusions d’un jeune soldat dans la guerre de Sécession, adaptation du roman de Stephen Crane. Cet album, publié dans l’éminente collection Aire Libre de Dupuis, est bien plus qu’une simple transcription visuelle : c’est une réinterprétation qui brasse l’intimité du courage et la brutalité de la guerre.

Cuzor, déjà salué pour son travail dans « Cinq Branches de coton noir », poursuit ici son exploration du noir et blanc avec une bichromie qui souligne avec acuité le contraste entre les idéaux de la jeunesse et la réalité du front. Son dessin réaliste, évoquant les grands noms de la bande dessinée classique, sert un récit où chaque trait semble porter en lui le poids de l’histoire et la fragilité de l’humain.

L’album excelle dans sa capacité à rendre les mouvements de troupes et les conflits internes d’Henry avec une intensité rare.

On est loin des clichés héroïques de la guerre : ici, la peur, la fuite et le retour au combat sont dépeints avec une sincérité déroutante, faisant de cette BD une expérience presque palpable. Cuzor ne se contente pas de reproduire des scènes de bataille ; il nous immerge dans l’esprit tourmenté de son protagoniste, rendant son introspection universelle.

L’adaptation est judicieuse, concentrée sur l’essence du personnage et de ses tribulations intérieures plutôt que sur des descriptions littéraires superflues. C’est une œuvre qui invite à la réflexion sur le concept de courage et la condition humaine au sein du chaos de la guerre.

« Le Combat d’Henry Fleming » est donc une œuvre magistrale qui, grâce à la maîtrise de Cuzor, devient un miroir de nos propres peurs et de notre recherche de bravoure.