Poil de Carotte (Glénat)

Bande dessinée publiée en 2014 aux éditions Vent d’Ouest (Glénat).


D’après le roman de Jules Renard publié en 1894.

« Tout le monde ne peut pas être orphelin… »

François est le petit dernier de la famille Lepic. Mais tout le monde l’appelle « Poil de carotte » à cause de ses cheveux roux et de ses taches de rousseur.

Mal-aimé, il subit sans arrêt les reproches de sa mère et l’indifférence de son père et de ses frères et sœurs.

On lui confie toujours les tâches les plus ingrates : aller fermer la porte du poulailler en pleine nuit ou encore achever les perdrix que son père a chassées.

Pour lutter contre les humiliations du quotidien et braver le monde injuste des adultes, notre brave Poil de carotte va devoir se montrer rusé.

Christophe Lemoine s’allie au trait léger et sensible de Cécile pour adapter en bande dessinée le chef-d’œuvre de Jules Renard, l’occasion pour les plus jeunes de découvrir ce classique de la littérature pétri d’humanité.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Poil de Carotte »

La bande dessinée « Poil de Carotte« , adaptation par Christophe Lemoine et Cécile du roman de Jules Renard, se dresse comme un pont audacieux entre classicisme et modernité, entre fidélité et innovation. La tâche n’était pas aisée : transposer en dessins un récit dont la puissance réside dans l’acuité des mots, dans la peinture sans concession d’une enfance meurtrie par l’incompréhension et la cruauté maternelle.

Lemoine, par son scénario, et Cécile, par son trait, ne se contentent pas de raconter : ils réinventent. Leur « Poil de Carotte » est une œuvre qui, en dépit de quelques libertés prises avec la lettre du texte source, reste profondément fidèle à son esprit. Les nuances de la souffrance de François, surnommé Poil de Carotte pour sa chevelure flamboyante et sa différence flagrante, sont esquissées avec une sensibilité qui rend hommage au matériau d’origine tout en le rendant accessible à un public contemporain, peut-être moins enclin à la lecture d’un classique du XIXe siècle.

Le dessin, à la fois léger et expressif, souligne avec justesse la dichotomie entre la légèreté apparente de l’enfance et le poids écrasant du rejet. La critique pourrait néanmoins émerger de certains choix artistiques : la représentation de la mère, moins sévère et acérée que celle dépeinte par Renard, ou encore une ambiance estivale qui semble par moments édulcorer les épreuves de notre jeune héros.

Il est vrai que l’adaptation d’une œuvre littéraire en bande dessinée est un exercice de funambule, oscillant entre deux mondes : celui de la fidélité absolue au texte et celui de la liberté créatrice. Dans ce cas précis, il est à noter que si l’essence tragique de l’œuvre de Renard est par moments atténuée, l’esprit de résilience et d’ingéniosité de Poil de Carotte est magnifié.

Cette bande dessinée est un hommage qui sait se tenir à la croisée des chemins : respectueux sans être servile, créatif sans être traître. C’est une invitation à redécouvrir Renard à travers une perspective nouvelle, à voir au-delà de la tristesse de Poil de Carotte, la beauté d’une histoire intemporelle sur la différence, l’adversité et la force indomptable de l’esprit humain.

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