Les Couleurs de l’infamie
Bande dessinée publiée en 2003 aux éditions Dargaud.
Résumé éditeur
D’après le roman de Albert Cossery publié le 12 octobre 1999.
Le Caire, capitale jadis resplendissante, aujourd’hui délabrée. Une multitude désœuvrée déambule tranquillement dans un chaos de voitures qui semblent n’obéir à rien.
Attablé à une terrasse de café, Ossama, voleur de son état, pas un voleur légaliste comme n’importe quel banquier, mais un modeste voleur aux revenus aléatoires guette sa proie : un type arrogant qui s’agite dans l’espoir d’attirer l’attention de son chauffeur.
Trois minutes plus tard, le type est délesté de son portefeuille en croco, dans lequel Ossama trouve une lettre qui compromet à la fois le type au portefeuille (promoteur véreux mouillé dans un génocide immobilier, cinquante morts sous les décombres d’un de ses immeubles) et le ministère des Travaux publics.
Devenu » par décret divin » dépositaire d’un scandale de niveau ministériel, Ossama ne sait comment faire exploser cette bombe. Par l’intermédiaire de son maître Nimr qui lui a appris le métier, il rencontre le lettré Karamallah, un homme qui vit dans le cimetière avec les milliers de sans logis installés là sans rien demander à personne.
Et cet homme sage, très amusé par la lettre mais persuadé qu’elle n’a rien d’une bombe : le banditisme des hautes sphères étant une péripétie communément admise, trouve un moyen » plaisant » de l’utiliser.
Un moyen qui démasque, dans un grand rire salvateur, la face ignoble et grotesque du pouvoir et toutes les couleurs de l’infamie.
Amoureux du Caire, Golo rêvait de dessiner la ville à travers les romans du grand écrivain égyptien Albert Cossery, rêve réalisé en 1991 avec Mendiants et Orgueilleux, et aujourd’hui avec Les Couleurs de l’infamie.
Les Couleurs de l’infamie est une adaptation fidèle du roman éponyme, Golo ayant conservé au maximum les dialogues savoureux de l’auteur et l’élégance de son langage, joliment soutenus par la chaleur et la vivacité du dessin.
C’est aussi une belle rencontre, Cossery ayant fait confiance à Golo et l’ayant laissé entièrement libre, tout en répondant aimablement à la moindre de ses questions. Cet hommage de Golo à Cossery » un homme libre » est aussi une balade dans l’âme d’une ville, avec des personnages irrésistibles (y compris les rôles secondaires, comme le père d’Omassa) qui cultivent une philosophie artisanale tout à fait réjouissante cet humour très spécial, fait de dérision et de joie de vivre, qui tient lieu de résistance aux habitués de la débrouille.
Cet album est doublement réussi. En tant que bande dessinée, originale, drôle et tendre, et en tant que mise en appétit : il nous donne envie, si ce n’est déjà fait, de découvrir Albert Cossery, le » vagabond céleste « .
La bd « Les Couleurs de l’infamie » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Les Couleurs de l’infamie »
« Les Couleurs de l’infamie » de Golo est une plongée saisissante dans les ruelles et les contrastes du Caire moderne.
En adaptant le roman d’Albert Cossery, Golo conserve l’humour caustique et la profondeur philosophique qui caractérisent l’œuvre originale. Nous suivons Ossama, un pickpocket attachant, dont le vol accidentel d’une lettre compromettante devient le déclencheur d’une satire audacieuse sur la corruption endémique de la société.
Graphiquement, Golo opte pour un trait naïf et des couleurs éclatantes, capturant la vitalité de la ville et de ses habitants. Ce style unique transporte le lecteur dans un univers où les ambiances prennent le pas sur les détails, conférant au Caire un caractère à la fois mystérieux et vibrant. Ce choix souligne avec brio le chaos ordonné de cette métropole.
La fidélité de Golo aux dialogues d’Albert Cossery est remarquable. Les échanges entre les personnages, empreints de cynisme et de sagacité, révèlent des vérités universelles avec une légèreté désarmante. La BD devient alors une critique sociale incisive qui, tout en dénonçant les injustices, sait aussi célébrer la résilience et l’ingéniosité des opprimés.
« Les Couleurs de l’infamie » est une œuvre aussi divertissante que réfléchie. Golo réussit à offrir un regard critique, mais plein d’humanité, sur une société en quête d’équilibre entre modernité et tradition.