Le petit bleu de la côte Ouest

Bande dessinée publiée en 2008 aux éditions Futuropolis.


D’après le roman de Jean-Patrick Manchette publié en 1976.

«D’un côté Manchette, de l’autre Tardi.
Le petit bleu de la côte Ouest nous parlait sur fond de Gerry Mulligan et Bob Brookmeyer, du temps d’alors, de la crise profonde d’un homme, reflet de celle du monde qui l’entourait.

Le temps d’alors est celui d’aujourd’hui. La crise est toujours là, sans doute encore plus profonde. Et Gerfaut continue d’avoir le « blues » et à tourner sur le boulevard périphérique extérieur de Paris, vers trois heures du matin, à 145 km/h, à la rencontre d’une inévitable violence. Tardi a trouvé l’équivalent graphique, « réaliste et critique », de ce monde perdu et violent. Il pratique l’arrêt sur image avec une précision clinique, notamment lorsque tout dérape.

Fidèle à l’esprit du texte, il s’est gardé de faire « davantage qu’un polar ». À l’heure où Manchette accède aux collections « littéraires », il s’est fait un point d’honneur d’entrer dans son univers. On peut tout aussi bien dire qu’il a invité Manchette dans le sien.»
François Guérif.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le petit bleu de la côte Ouest »

Dans « Le petit bleu de la côte Ouest« , Jacques Tardi se fait l’architecte d’un noir et blanc qui résonne avec la force d’un cri dans le silence de la nuit. Cette bande dessinée, adaptation du roman de Jean-Patrick Manchette, est un hommage au genre noir, porté par un dessin qui capte l’essence d’une époque et d’une société à la dérive.

Tardi, avec sa maestria graphique habituelle, traduit avec acuité les thèmes de Manchette : critique sociale, destin individuel broyé par les rouages implacables du capitalisme et une violence brute. Ses personnages sont taillés à la serpe, leurs visages ciselés traduisant une gamme d’émotions qui va de la désillusion la plus sombre à la rage la plus pure.

L’intrigue de « Le petit bleu de la côte Ouest » est celle d’un homme pris dans la tourmente d’une conspiration qui le dépasse. George Gerfaut, anti-héros malgré lui, se retrouve malencontreusement au centre d’une toile d’araignée dont chaque fil est trempé dans le poison de la trahison et de la corruption.

Tardi ne se contente pas de suivre le récit, il le transcende par des planches où la composition, le jeu d’ombres et de lumières, contribuent à créer une atmosphère oppressante, presque étouffante.

Le noir et blanc utilisé par Tardi n’est pas un simple choix esthétique, c’est un langage. Les contrastes marqués, les silhouettes et les décors urbains sont autant de métaphores visuelles d’un monde en noirceur, où les éclats de lumière sont d’autant plus éblouissants qu’ils sont rares et fugaces.

« Le petit bleu de la côte Ouest » est donc bien plus qu’une adaptation ; c’est une œuvre qui, tout en restant fidèle à l’esprit de Manchette, offre une vision unique et personnelle de Tardi. Le lecteur est invité non seulement à suivre une histoire, mais aussi à contempler une œuvre d’art où chaque case est un tableau.

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