Le Horla
Bande dessinée publiée en 2014 aux éditions Rue de Sèvres.
Résumé éditeur
D’après le roman de Guy de Maupassant publié en 1886.
Le narrateur mène une vie tranquille dans sa maison au bord de la Seine, lorsque d’étranges phénomènes commencent à se produire.
Quelqu’un boit la carafe d’eau sur sa table de nuit, des objets disparaissent ou se brisent, une fleur est cueillie par une main invisible…
Peu à peu, le narrateur acquiert la certitude qu’un être surnaturel et immatériel vit chez lui, se nourrissant de ses provisions.
Pis encore, cet être, qu’il baptise le Horla, a tout pouvoir sur lui, un pouvoir grandissant… Du Horla ou de l’homme, l’un des deux doit périr.
Le Horla, comme les contes fantastiques écrits par Maupassant à la fin de sa vie, alors qu’il sombrait dans la folie, joue délicieusement avec nos nerfs en traitant de thèmes très actuels comme l’angoisse, la hantise du suicide et la peur de l’invisible.
La bd « Le Horla » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le Horla »
« Le Horla » par Guillaume Sorel se présente comme un jalon notable, marquant de son empreinte le territoire souvent périlleux de la transmutation d’une œuvre littéraire en dessins et en couleurs.
C’est avec une main à la fois respectueuse et audacieuse que Sorel s’empare du texte de Maupassant, nous invitant à redécouvrir cette nouvelle fantastique à travers un prisme visuel qui déborde de sensibilité et d’innovation.
Lorsque l’on tourne les pages de cette bande dessinée, on est immédiatement frappé par l’éloquence du silence, par cette capacité qu’a Sorel de narrer sans mots, ou avec si peu, l’intériorité tourmentée du protagoniste.
L’artiste, en véritable ventriloque des émotions, fait naître une symphonie de couleurs et de formes qui traduit avec brio la montée en crescendo de l’angoisse et de la folie. Les choix chromatiques, tantôt apaisés en teintes pastel, tantôt alarmants en rouges et jaunes orangés, orchestrent une danse visuelle qui reflète la lutte intime du personnage contre un ennemi invisible.
Certains puristes pourraient arguer que le medium de la bande dessinée, malgré toute sa splendeur graphique, peine à encapsuler la subtilité et la profondeur psychologique de la prose de Maupassant. L’introduction d’un chat, qui n’existe pas dans le texte originel, est symptomatique des libertés prises par Sorel. Pour certains, cela pourrait apparaître comme un écart injustifié, tandis que pour d’autres, c’est une incarnation métaphorique réussie, un guide silencieux dans ce labyrinthe de terreur psychologique.
« Le Horla » de Sorel s’impose non seulement comme une œuvre d’art graphique, mais aussi comme une réflexion sur la nature même de l’adaptation. C’est une invitation à redécouvrir Maupassant, à le sentir et le vivre différemment.