L’Arrache-cœur

Album publié en 2020 aux éditions Delcourt.
Résumé éditeur
D’après l’œuvre de Boris Vian publiée en janvier 1953.

Un psychiatre souffre d’un tel vide existentiel qu’il cherche désespérément quelqu’un à psychanalyser afin de procéder à une identification totale ; une mère névrosée ne pardonne pas à son mari les douleurs de l’enfantement ; un prêtre adepte du spectaculaire prône que la religion restera à jamais un luxe…
Voilà un coin de campagne où les uns et les autres présentent de bien curieuses réactions.
« J’ai peur pour mes enfants. En permanence. Il peut leur arriver n’importe quoi. Et je me le représente. Oh ! les choses les plus simples ; je ne me mets pas martel en tête pour des impossibilités ou des idées folles ; non, mais la liste stricte de ce qui pourrait survenir suffit à m’affoler. Et je ne peux pas m’empêcher d’y penser. Naturellement, je ne compte même pas ce qu’ils risquent en dehors du jardin ; par bonheur, ils n’y sont pas, jusqu’ici, eu l’idée d’en sortir. Mais j’évite pour l’instant d’aller jusque-là parce que ça me donne le vertige. […] Je les aime tant. »
La bd « L’Arrache-cœur » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « L’Arrache-cœur »
Adaptée du roman surréaliste de Boris Vian, L’Arrache-cœur par Jean-David Morvan et Maxime Péroz est une œuvre audacieuse qui transpose avec brio la complexité et l’absurdité du texte original en bande dessinée. Publiée chez Delcourt, cette adaptation explore les travers de l’humanité dans un univers rural déroutant, où se mêlent poésie sombre, cynisme et réflexion sociale.
Le récit suit Jacquemort, psychiatre en quête de sens, qui s’installe chez un couple étrange. Clémentine, mère névrosée, surprotège ses trois enfants, tandis qu’Angel, le père, est relégué à l’arrière-plan. L’histoire plonge dans une campagne où les habitants s’adonnent à des rituels absurdes comme la « foire aux vieux » ou des combats religieux. La narration conserve l’esprit provocateur de Vian tout en offrant une réflexion sur la parentalité et la liberté individuelle.

Maxime Péroz propose un style en noir et blanc dense et expressif. Son trait vif et précis donne vie à cet univers grotesque, mais le niveau de détail peut parfois gêner la lisibilité. Les perspectives audacieuses et les mises en abîme accentuent l’étrangeté du récit, renforçant l’impression de vertige propre à l’œuvre originale.
L’Arrache-cœur est une adaptation ambitieuse qui saura séduire les amateurs d’univers décalés. Parfois déroutante dans sa narration et son graphisme touffu, cette BD reste une expérience captivante pour ceux qui apprécient le mélange de poésie sombre et d’absurde. Un incontournable pour les fans de Boris Vian.