Jacques Damour
Album publié en 2017 aux éditions Sarbacane.
Résumé éditeur
Adapté de l’œuvre d’Emile Zola publiée en 1880.
C’est l’histoire d’un malchanceux, d’un faible manipulé par un lâche. L’histoire aussi d’un revenant qui cherche à renouer avec un passé à jamais disparu. Mais quelle place lui reste-t-il dans une société qui a irrémédiablement changé ?
Alors qu’il arpente les boulevards d’un Paris transformé, Jacques Damour se souvient de son ancienne vie à Ménilmontant… ciseleur sur métaux, marié à Félicie, il était pauvre mais heureux avec ses deux enfants, Eugène et Louise.
Tout a basculé pendant le siège des Prussiens. C’est le début de la Commune, Béru, un peintre en bâtiment affamé, qui mange bientôt matin et soir chez les Damour, tient des propos enflammés, prône la république, la justice et l’égalité et convainc le père et le fils d’aller se battre sur les barricades.
Mais Eugène est touché par une balle en pleine poitrine et meurt. Peu de temps après, Jacques Damour est fait prisonnier et est déporté au bagne de Nouméa.
Berru, lui, a filé trois jours avant l’arrivée des troupes… C’est cet « ami » justement que Damour retrouve par hasard sur le pont Notre-Dame. Berru lui apprend alors que Félicie s’est remariée avec un riche boucher des Batignolles. Les deux hommes, grisés par le vin, partent pour la boucherie…
Quelle sera la réaction de Félicie en voyant Damour qu’elle croit mort depuis dix ans ? Eugène va-t-il être vengé ? Et Louise, qu’est-elle devenue ?
La bd « Jacques Damour » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Jacques Damour »
La bande dessinée « Jacques Damour« , d’après l’œuvre d’Émile Zola et transposée par Vincent et Gaël Henry, est un véritable hommage à la capacité intemporelle de la littérature de capturer les complexités humaines.
À travers le prisme graphique et narratif des auteurs, cette œuvre s’érige en pont entre le passé tumultueux de la Commune de Paris et le lecteur contemporain, offrant une porte ouverte sur les réflexions sociales et politiques d’une époque révolue.
Vincent Henry tisse avec maestria une trame où les inégalités et les injustices sociales chères à Zola sont exposées avec une clarté saisissante.
La finesse avec laquelle il distille l’esprit de l’œuvre originale, tout en insufflant une vitalité nouvelle, témoigne d’une compréhension profonde du texte source.
Les choix scénaristiques, notamment les sauts temporels, confèrent à la narration une dynamique qui fait vibrer les pages d’un rythme presque palpable.
Gaël Henry, par ses coups de pinceau, ne se contente pas de reproduire des images ; il peint des émotions, des atmosphères, des moments.
Son talent à esquisser Paris, à la fois dans ses aspects physiques et émotionnels, est remarquable. Les couleurs utilisées ne sont pas de simples ajouts esthétiques, elles servent le récit, accentuant les tensions et les reliefs de chaque scène.
Le dessin, parfois esquissé mais toujours précis, invite à une immersion totale dans l’univers recréé, où chaque trait semble chargé d’histoire.
« Jacques Damour » est un travail de restitution artistique et narrative qui respecte et revitalise l’œuvre de Zola.
Vincent et Gaël Henry réussissent l’alchimie difficile entre fidélité et innovation, entre la plume et le pinceau, pour donner vie à une bande dessinée qui est à la fois un écho du passé et une voix résonnante dans le présent.
Un must-read pour les amateurs de littérature du 19ème siècle, d’histoire et d’art graphique.