Inferno

Bande dessinée publiée en 2013 aux éditions The Hoochie Coochie.


D’après l’œuvre de Dante Alighieri composée en 1307 et 1321.

couverture bd Inferno

La Divine Comédie de Dante Alighieri – et en particulier sa première partie intitulée l’Enfer – a inspiré nombre d’artistes depuis le XIVe siècle, et tandis que Gustave Doré semblait lui avoir donné une forme illustrée définitive, Marcel Ruijters secoue cet académisme et revient aux racines iconographiques inspirées par ce grand texte – celles du Quattrocento de Giovanni di Paolo ou Bartolomeo di Fruosina – pour produire un livre résolument moderne : Inferno.

Fidèle à sa conception d’un monde régi par les femmes – déjà exposée dans Sine qua none (L’an 2, 2005), Marcel Ruijters nous rapporte donc le périple de Danta conduite par Virgilia à travers les enfers.

Et à l’instar de l’écrivain italien, Ruijters se sert de la structure infernale de son Inferno pour viser in fine les travers du monde contemporain : ici, l’hégémonie du capitalisme de ce début de XXIe siècle.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Inferno »

Dans le labyrinthe des adaptations de « La Divine Comédie« , l’œuvre « Inferno » de Marcel Ruijters se distingue comme une réimagination audacieuse et graphiquement innovante. En dépeignant un enfer où les rôles de genre sont inversés, Ruijters ne se contente pas de reproduire l’épopée de Dante mais s’attarde sur une critique acerbe de la masculinité et de la dominance patriarcale, un thème moins exploité dans les interprétations contemporaines de l’œuvre médiévale.

L’artiste néerlandais transpose avec brio l’odyssée de Dante en une quête menée par Danta, une figure féminine qui, accompagnée de Virgilia, s’aventure dans les méandres d’un enfer résolument féminin. Cette inversion de genre n’est pas un simple artifice esthétique; elle remet en cause les représentations traditionnelles de la force et du pouvoir, offrant ainsi une réflexion sur la condition féminine et sur la société actuelle.

extrait bd Inferno

Le trait en noir et blanc de Ruijters, rappelant les illustrations médiévales, se marie harmonieusement avec la satire sociale moderne, invitant le lecteur à une introspection sur l’hégémonie du capitalisme et les travers de notre temps.

Les détails foisonnants de chaque page ne sont pas là uniquement pour le plaisir des yeux mais servent le discours sous-jacent de l’auteur, créant une expérience de lecture à plusieurs niveaux.

« Inferno » s’érige ainsi comme un pont entre passé et présent, entre tradition et modernité, rappelant que les classiques ne meurent jamais, mais évoluent avec nous.

Ruijters démontre avec force que l’art est un vecteur de contestation et de réflexion, et que les œuvres du passé peuvent et doivent être revisitées pour continuer à questionner notre monde. Son « Inferno » est plus qu’une bande dessinée; c’est un manifeste graphique qui challenge notre perception de la littérature et de l’art.

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