Triangle rose

Album publié aux éditions Soleil en 2011.


couverture bd

Dessinateur de publicité et professeur de dessin, Andreas est homosexuel. Pas une « grande folle » travestie mais un homosexuel discret, joyeux et romantique, dans le Berlin des années 30.

Mais la peste brune envahit peu à peu les rues, la cité, les institutions. Des lois sont promulguées. Andreas fait l’expérience de la violence, physique ou morale. On l’envoie en prison du fait de sa préférence sexuelle, puis dans un camp de concentration.

Survivant aux mauvais traitements, la libération et l’après-guerre ne lui apporteront pas plus de repos. Fait prisonnier de droit commun, un nouveau combat s’engage pour sa réhabilitation.

Ce combat, qui semble perdu d’avance, se gagnera par la résignation et la trahison de son identité. Comme beaucoup d’autres homosexuels, il travestira son histoire, se dira  » triangle rouge  » ; se conformera à la société civile en se mariant avec une lesbienne et éduquera l’enfant qu’elle eut (de force) avec un sous-officier nazi.

Malgré le refoulement nécessaire, en état de survie durant de si longues années, Andreas n’oubliera jamais qu’il fut l’un des leurs. Devant les interrogations de son petit-fils, Andreas se livre enfin…


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Triangle rose »

Triangle rose, signé Michel Dufranne et illustré par Milorad Vicanović-Maza, est une œuvre marquante qui plonge le lecteur dans l’horreur méconnue de la persécution des homosexuels sous le régime nazi. Cette bande dessinée est avant tout une quête de mémoire, où Andreas, un survivant des camps, raconte son histoire à son arrière-petit-fils, tissant ainsi un lien entre passé et présent.

Michel Dufranne réussit à capturer un pan de l’Histoire souvent occulté : celui de la répression des « invertis » sous le paragraphe 175, une loi allemande qui criminalisait l’homosexualité. Le scénario, bien qu’imaginé, repose sur des faits historiques précis et poignants, réhabilitant ces victimes oubliées. Ce choix de sujet rare dans la bande dessinée confère à Triangle rose une portée pédagogique et universelle.

extrait bd Triangle rose

Visuellement, le trait de Milorad Vicanović-Maza est saisissant. Ses lignes précises, accompagnées des couleurs sombres et sépia de Christian Lerolle, illustrent avec justesse l’oppression et la mélancolie des années 1930-40. L’utilisation d’une palette plus vive pour le présent accentue l’idée d’une mémoire vivante qui peine à trouver sa place dans le monde contemporain​.

En 144 pages, Triangle rose réussit à informer, émouvoir et interpeller. Elle offre un hommage vibrant à ceux dont le souvenir a longtemps été nié.

Un incontournable pour les amateurs d’Histoire et les défenseurs des droits humains, c’est une œuvre qui mérite sa place dans les bibliothèques, personnelles comme scolaires.

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