Moi, Cléopâtre, dernière reine d’Égypte

Bande dessinée publiée en 2025 aux éditions Dargaud.
Résumé éditeur

Kleopatra Philopator, septième du nom, fut la dernière reine d’Égypte. D’elle, nous avons retenu son nez aquilin, ses charmes vénéneux qui ont envoûté César et Marc Antoine, et ses manigances meurtrières.
Nul ne semble pourtant se souvenir qu’elle parlait dix langues et avait lu tous les philosophes. La vérité à son propos n’aurait-elle pas été tronquée par l’Histoire ?
Vingt siècles après son règne, la reine est sortie de son mausolée, et nous la retrouvons assise face à la baie d’Alexandrie, contemplant son royaume englouti. Elle n’a pas d’ombre face au soleil levant : c’est normal, elle n’est qu’un souvenir. Une version fantomatique d’elle-même, non dénuée d’humour, qui papote avec son singe fétiche embaumé.
C’est sous ainsi sous la forme loufoque d’une reine revenante qu’Isabelle Dethan, avec la précision d’une historienne et la créativité d’une artiste, offre à cette grande femme la possibilité de nous conter sa véritable histoire.
La bd « Moi, Cléopâtre, dernière reine d’Égypte » disponible ici
L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Moi, Cléopâtre, dernière reine d’Égypte »
Isabelle Dethan livre avec Moi, Cléopâtre, dernière reine d’Égypte un portrait saisissant de la dernière souveraine ptolémaïque, loin des clichés et des fantasmes véhiculés par l’histoire officielle et la culture populaire.
S’appuyant sur une documentation rigoureuse, l’autrice choisit la voix de Cléopâtre elle-même pour déconstruire la légende, offrant une biographie à la première personne qui embrasse la complexité d’une femme érudite, stratège et profondément humaine.
La bande dessinée se distingue par une approche narrative originale : Cléopâtre, revenue d’entre les morts, contemple le XXIe siècle et confronte l’image réductrice que l’on a retenue d’elle (son nez, ses amours), dialoguant avec humour avec son singe et la momie de Khéops, son confident.
Ce dispositif permet à Isabelle Dethan d’explorer les multiples facettes de la souveraine : héritière d’une dynastie grecque, femme de pouvoir dans un monde d’hommes, mère, amante, mais aussi victime et actrice des jeux politiques et familiaux.
La narration, fluide et ponctuée de touches d’humour, alterne entre introspection, fresque historique et réflexion sur la mémoire et la transmission.

Graphiquement, l’album impressionne par la finesse de son trait et la richesse de ses détails. Isabelle Dethan excelle à recréer l’atmosphère de l’Égypte antique, usant de couleurs directes à l’aquarelle : des teintes sépia pour le présent spectral de Cléopâtre, des couleurs vives pour les souvenirs. La mise en page, élégante, sert la narration sans jamais l’alourdir, et chaque planche révèle le plaisir de l’autrice à restituer décors, costumes et lumières de l’Antiquité.
Moi, Cléopâtre est une réussite majeure, tant par la justesse de son propos que par la beauté de la BD. Le récit, accessible et profond, séduira les amateurs d’histoire, d’égyptologie et de portraits de femmes. Isabelle Dethan redonne à Cléopâtre sa voix, sa complexité et son humanité : une relecture brillante et nécessaire d’un destin trop souvent travesti par la légende.