Mois : février 2024

Manouchian

Publié aux éditions Dupuis en 2024.


Torturé puis fusillé le 21 février 1944 avec 22 autres membres de son groupe Francs-Tireurs et Partisans – Main-d’oeuvre immigrée (FTP-MOI), le poète, ouvrier et militant communiste Missak Manouchian va devenir un symbole de la Résistance intérieure française. Un martyr que le peuple opprimé n’oubliera jamais.

Cette exécution, très médiatisée par les Allemands à travers la fameuse Affiche rouge, servira de propagande nazie pour déstabiliser et décrédibiliser la Résistance face au peuple français.

Un destin hors du commun qui prend une nouvelle ampleur en février 2024 avec l’entrée de Missak et Mélinée, son épouse, au Panthéon.

Première collaboration de J.-D. Morvan et du dessinateur arménien Thomas Tcherkézian, qui nous narrent le destin incroyable et tragique de Missak Manouchian et son groupe de résistants, exécutés par l’occupant allemand en février 1944.

couverture bd Ivanhoé Tome 3

L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Manouchian »

La bd sort le 16 février.


Lieux visités par la bd pendant la Seconde Guerre Mondiale

Mont ValérienParis

La Rafle d’Izieu

Publié aux éditions La Boite à Bulles en 2024.


Le 6 avril 1944, un détachement de la Wehrmacht mené par la Gestapo arrête les 45 enfants de la colonie d’Izieu et les 7 adultes. Seul un enfant et un adulte survivront…

Début 1943, Sabine et Miron Zlatin avaient créé à Izieu, dans l’Ain, une colonie pour accueillir et protéger des enfants juifs, en zone italienne.

Mais le 8 septembre 1943, l’armée italienne capitule face aux Alliés et laisse sa place aux troupes allemandes dans le Sud-Est de la France.


Début 1944, les signaux d’alarme se multiplient avec des arrestations à Chambéry et aux alentours et avec le remplacement du sous-préfet de Belley, protecteur de la colonie.

Mais avant que la colonie ne soit effectivement dispersée, le 6 avril 1944, débarquent un détachement de la Wehrmacht et 3 officiers SS qui embarquent sans ménagement les quarante-cinq enfants et les sept adultes de la colonie.


Seul échappe à la rafle Léon Reifman qui a pu sauter par la fenêtre et trouver refuge chez les voisins, les Perticoz. Ces derniers ont eux-mêmes assisté, impuissants, à la rafle…

Ils ne comprennent pas  : pourquoi s’en prendre ainsi à des enfants  ? Qui a bien pu attirer l’attention de Klaus Barbie et de ses sbires sur cette paisible colonie  ? Y aurait-il eu dénonciation  ?

Pendant ce temps, les enfants sont emmenés à Lyon puis Drancy avant leur déportation et leur extermination. 

couverture bd Ivanhoé Tome 3

L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « La Rafle d’Izieu »

Pascal Bresson nous livre avec « La Rafle d’Izieu » une bande dessinée à la fois poignante et essentielle, magnifiquement illustrée par Giulio Salvadori.

Cet ouvrage revient sur l’une des tragédies les plus déchirantes de la Seconde Guerre mondiale : la rafle du 6 avril 1944, où 44 enfants juifs et leurs éducateurs furent déportés vers Auschwitz.

À travers une narration fluide et des dialogues percutants, Bresson parvient à capturer l’horreur et l’injustice de cet événement tout en rendant hommage à la mémoire des victimes.

La structure narrative est particulièrement efficace, alternant entre les événements de 1944 et le procès de Klaus Barbie. Cette approche permet de mettre en lumière non seulement la cruauté des actes perpétrés mais aussi la résilience et le courage des survivants. Les témoignages des témoins et des voisins sont poignants, ajoutant une profondeur émotionnelle qui résonne longtemps après la lecture​.

Le style visuel de Salvadori, avec sa simplicité et sa délicatesse, contraste avec la gravité du sujet, rendant les scènes encore plus percutantes.

« La Rafle d’Izieu » n’est pas seulement une œuvre mémorielle, mais un rappel puissant de l’importance de se souvenir et de transmettre l’histoire aux générations futures​.


Lieux visités par la bd pendant la Seconde Guerre Mondiale

DrancyIzieuLyon

Elle – Tome 2

Bande dessinée publiée en 2005 aux éditions Paquet.


couverture bd Elle - Tome 2

Hippolyte, qui vient de quitter Rennes, apprend avec étonnement que Michelle est la fille du chef de la milice.

Ils s’enfuient tous les deux et rejoignent le maquis.

Mais au cours d’une opération de sabotage, la milice intervient et c’est Michelle qui sauve les résistants de justesse.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Elle – Tome 2 »

Dans « Elle, tome 2 : Juin 1944« , Fanny Montgermont poursuit le récit de Michelle, figure centrale d’un monde écartelé entre l’horreur de la guerre et l’innocence d’un amour naissant.

L’ouvrage s’inscrit dans la continuité du premier tome, où les couleurs pastel côtoient les teintes plus sombres, reflet d’un contraste entre la douceur de l’intime et la brutalité de l’Histoire.

Montgermont manie son pinceau avec une délicatesse qui confère aux scènes les plus sombres une lumière éthérée, un espoir dans la noirceur.

extrait bd Elle - Tome 2

Cette suite est marquée par un rythme qui peut dérouter. Là où le premier tome instaurait un univers et des enjeux, le second semble précipiter son dénouement. La transition rapide des événements majeurs – sabotage et libération – s’effectue en une poignée de pages, laissant le lecteur sur sa faim.

Cependant, la force de « Elle » réside dans sa capacité à émouvoir. L’œuvre, en dépit de ses ellipses narratives, porte en elle une poésie visuelle indéniable. Montgermont offre une héroïne éthérée, une figure angélique qui semble flotter au-dessus des tourments de son époque, posant la question fondamentale du « Pourquoi » sans jamais y répondre. L’absence de réponse est, en soi, un commentaire poignant sur la guerre.

« Elle, tome 2 » est une œuvre qui, malgré ses imperfections narratives, imprime dans l’esprit une empreinte durable.

Fanny Montgermont s’affirme comme une artiste capable de tisser ensemble la douleur et la beauté, le rêve et la réalité.


Lieu visité par la bd en Bretagne

Rennes

Mémoires D’un Paysan Bas-Breton – Tome 1

Album publié en 2017 aux éditions Soleil Production


Résumé éditeur

Un témoignage exceptionnel pour un destin hors-norme adapté aujourd’hui en bande-dessinée.

Né dans la misère, Jean-Marie Déguignet sort du rang lorsqu’une abeille cause un accident qui a pour conséquence de le rendre intelligent.

Dès lors, il voit les choses telles qu’elles sont et non plus comme les croyances ou la bêtise les expliquent communément.

Il se sent vite à l’étroit dans sa Bretagne natale et n’aspire qu’à une chose : étendre sa soif de connaissance en découvrant le monde.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Mémoires D’un Paysan Bas-Breton – Tome 1 »

Dans l’univers graphique de Stéphane Betbeder, « Mémoires d’un paysan Bas-Breton T01 » se veut un miroir du passé, reflétant la rusticité d’une Bretagne ancestrale, avec ses croyances et ses luttes.

La bande dessinée nous plonge au cœur de l’existence éreintante de Jean-Marie Déguignet, figure centrale du récit, qui émerge comme un héraut de la sagacité dans un monde pétri de superstitions et d’ignorance.

L’atmosphère retranscrite est indéniablement authentique, avec des paysages et des costumes dessinés avec une précision qui souligne la mélancolie d’une époque révolue. Les couleurs servent cette ambiance d’un autre temps, contribuant à immerger le lecteur dans un XIXe siècle breton, fait de pluie et de pénombre.

Cette œuvre est un tableau fidèle de la Bretagne du XIXe siècle, mais reste entravée par des défis artistiques qui en freinent l’envol.

« Mémoires d’un paysan Bas-Breton T01 » est une invitation à la découverte, à la réflexion, un pas vers la compréhension d’une Bretagne d’antan, mais qui exige du lecteur une certaine indulgence pour apprécier pleinement le voyage dans le temps qu’elle propose.


Lieux visités par la bd en Bretagne

Ergué-GabéricGuengatQuimper

Le Cid en 4e B

Album publié en 2019 aux éditions La Boite à Bulles.


Résumé éditeur

Inspiré de l’œuvre de Corneille (publié la première fois en 1637).

« Eh meuf, ô rage ô désespoir, c’est ma place là ! » Quand une classe de collège finit par s’emparer du Cid…

De nos jours, pas évident de lire Le Cid, quand on a treize ans ! Et pourtant, malgré les 382 ans qui les séparent, Chimène, Rodrigue et Don Diègue ne sont pas si éloignés de Naomy, Sarah-Lou, Brandon, Amine et de leurs acolytes !


Bienvenue dans le huis-clos de la salle de classe de 4e B. Entre frictions, moments de grâce, inepties et traits d’esprit, les élèves vont peu à peu apprivoiser la pièce et son langage suranné, à l’image de Lou qui s’exclame désormais « M’dame, quel outrage infâme, on m’a pris mon quatre couleurs ! »


L’auteure, enseignante de Français au collège, livre ici le récit d’un apprentissage ardu mais non sans piquant, où les plus classiques ne sont pas forcément ceux que l’on croit !
Une bande dessinée tout public, plein d’humour et d’enseignements !


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le Cid en 4e B »

Dans « Le Cid en 4e B« , Véronique Véropée fait l’audacieux pari de marier l’institution du classicisme français avec le tumulte des salles de classe contemporaines. À travers des pages qui fourmillent de vie, d’esprit et de spontanéité juvénile, elle déploie un récit où l’alexandrin côtoie l’argot sans vergogne.

La bande dessinée s’anime au gré des interactions entre une enseignante passionnée et ses élèves, dont les préoccupations semblent à des années-lumière de l’éthique chevaleresque de Rodrigue et Chimène.

L’auteure, puisant dans son expérience d’enseignante, livre un tableau à la fois hilarant et tendre de la jeunesse, avec ses élans et ses résistances, confrontée au génie linguistique de Corneille.

Le graphisme, coloré et dynamique, accompagne avec justesse ce choc des époques, mettant en lumière les expressions les plus cocasses des élèves et les moments de découverte, où, entre deux éclats de rire, la beauté du texte classique transparaît malgré tout.

Si certains pourraient questionner le choix de Véropée d’exposer les classiques à un jeune public, la BD elle-même répond en démontrant l’universalité et la résonance intemporelle des thèmes abordés par Corneille. C’est une ode à l’éducation, à la persévérance pédagogique et à l’importance de la transmission culturelle.

La critique serait incomplète sans mentionner l’habile inclusion d’un lexique adolescent et des passages originaux du « Cid », qui non seulement soulignent l’engagement éducatif de l’œuvre mais invitent également à une réflexion sur l’évolution de la langue et de la communication.

« Le Cid en 4e B » est un hommage à la littérature, à l’enseignement et à la jeunesse, une œuvre qui célèbre le dialogue entre les siècles et les cultures, et rappelle le rôle vital de l’éducation dans la préservation et la compréhension de notre patrimoine littéraire.

C’est une lecture aussi instructive que divertissante, qui mérite une place dans la bibliothèque de tout amateur de BD et de littérature

Je, François Villon – Tome 01

Bande dessinée publiée en 2011 aux éditions Delcourt.


D’après le roman de Jean Teulé publie en 2006.

Mais où sont les neiges d’antan ?

couverture bd Bd Je, François Villon - Tome 01

Son père pendu, sa mère enterrée vivante, François Villon connaît les pires atrocités de la vie dès son plus jeune âge. Recueilli par le chanoine de Saint-Benoît, il est envoyé dans le meilleur collège de Paris.

Mais à ses études, il préfère la poésie, l’hypocras et la fornication.

Poète et ribaud à la fois, il commet tous les actes possibles, des plus sublimes aux plus abominables.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Je, François Villon – Tome 01 »

« Je, François Villon – Tome 01 » de Luigi Critone se distingue par son ambition de donner chair à l’une des figures les plus énigmatiques du Moyen Âge français. Villon, poète et voyou, est peint avec les teintes sombres de l’irrévérence et de la débauche, mais aussi avec les nuances plus claires de la poésie et de la jeunesse écorchée.

Critone, s’emparant du texte de Jean Teulé, offre une représentation graphique qui souligne le contraste entre la lumière de l’intelligence vive de Villon et l’ombre de sa destinée tragique. Les couleurs, souvent obscures, sont comme des métaphores visuelles du destin et des tourments internes du poète. Le choix de ces teintes n’est pas anodin : il suggère le crépuscule d’une époque autant que celui d’un homme.

Le récit, lui, ne craint pas d’arpenter les sentiers de la violence et de la brutalité, reflet d’une époque où la vie était aussi tranchante qu’une lame. Si certains lecteurs peuvent être rebutés par cette approche sans fard, d’autres y voient une sincérité narrative nécessaire à l’immersion dans le Paris du XVe siècle.

extrait Bd Je, François Villon - Tome 01

Le personnage de Villon est aussi controversé que fascinant. D’aucuns le trouvent repoussant dans ses excès et ses vices, et pourtant, c’est peut-être là que réside la force de cette œuvre : elle ne cherche pas à enjoliver ni à condamner, mais à présenter un homme dans toute sa complexité.

Sur le plan artistique, les critiques sont unanimes à saluer la qualité du dessin de Critone. Son trait précis et son sens du détail donnent vie à un Moyen Âge qui respire et qui bouge, loin des représentations figées que l’on pourrait redouter. Les scènes de vie parisienne sont un régal pour les yeux et invitent le lecteur à une plongée immersive.

« Je, François Villon » est une œuvre qui interpelle, qui dérange parfois, mais qui, surtout, ne laisse pas indifférent. C’est un premier tome qui pose les bases d’une série prometteuse, à même de captiver autant le passionné d’histoire que l’amateur de récits humanistes profonds et dérangeants.

Poil de Carotte (Delcourt)

Bande dessinée publiée en 2016 aux éditions Delcourt.


D’après le roman de Jules Renard publié en 1894.

« Tout le monde ne peut pas être orphelin » , se répète à l’envi François Lepic, alias Poil de Carotte, humilié quotidiennement par sa mère et ses proches parce qu’il est roux.

Seules la ruse et une lucidité inhabituelle chez un enfant de son âge lui permettent d’échapper au désespoir.

Mais Poil de Carotte, victime, peut devenir à son tour bourreau quand il compense sa frustration sur les animaux.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Poil de Carotte »

Corbeyran engage le lecteur dans une relecture graphique du classique de Jules Renard, naviguant entre les rivages de l’innocence malmenée et les écueils d’une adaptation contemporaine.

Le trait de Renaud Collard, à la fois vif et expressif, parvient à capturer l’essence visuelle d’une époque révolue, tandis que la palette d’Isabelle Rabarot teinte l’ensemble de nostalgie et de fraîcheur. La bande dessinée se veut un miroir fragmenté, reflétant les morceaux choisis d’une enfance teintée de l’humiliation du jeune François, surnommé « Poil de Carotte » pour sa chevelure flamboyante.

Le scénario de Corbeyran, cependant, semble perdre quelques nuances du texte original dans son transcodage graphique.

Là où Renard avait tissé une toile fine d’implicite et de non-dit, la BD, dans son format inévitablement plus succinct, semble par moments simplifier le propos, le dénudant de certaines subtilités émotionnelles.

Il est indéniable que la bande dessinée suscite une émotion brute, une perturbation visuelle qui vient ébranler le lecteur, peut-être même davantage que le texte lui-même, prouvant la puissance de l’image sur le mot. Cependant, cette force se retrouve contrariée par une narration qui peine à égaler la profondeur psychologique de l’œuvre de Renard, laissant entrevoir des lacunes dans l’exploration des dynamiques familiales complexes et des tourments intérieurs du jeune Poil de Carotte​​​​.

« Poil de Carotte » de Corbeyran et Collard est une œuvre qui interpelle, bouscule, mais ne parvient pas totalement à s’emparer de l’âme de son modèle littéraire. Elle ouvre cependant une fenêtre intéressante sur le dialogue entre texte et image, et invite, malgré ses imperfections, à une réflexion sur la capacité de la bande dessinée à revisiter et à réinventer la littérature classique.

Elle – Tome 1

Bande dessinée publiée en 2003 aux éditions Paquet.


couverture bd Elle - Tome 1

Hippolyte est un jeune résistant rennais pendant la seconde guerre mondiale.

Par hasard, au milieu des décombres d’un bâtiment bombardé, il rencontre Michelle, une jeune fille étrange qui cherche ses ailes dans les gravats.

Elle est persuadée être un ange, mais passe pour une folle échappée de l’asile pendant le bombardement.

Au milieu du maquis, les chemins de Michelle et Hippolyte vont désormais souvent se croiser.

Mais les résistants sont trahis et se font massacrer par les hommes de Justin Château-Rouge, chef de la milice.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Elle – Tome 1 »


Fanny Montgermont nous offre avec « Elle Tome 1 » une plongée onirique dans le Rennes de 1944, période sombre s’il en est. La douceur presque paradoxale de son dessin, aux traits fins et couleurs pastel, s’entremêle avec l’horreur de la guerre et la résistance acharnée des habitants de cette ville meurtrie.

C’est dans ce décor que se dévoile l’étrange ballet entre le résistant Hippolyte et l’énigmatique Michelle, jeune fille prétendant être un ange égaré.

extrait bd Elle - Tome 1

La force de cette œuvre repose dans le contraste saisissant entre la réalité brutale de l’occupation et la naïveté presque surnaturelle de cette prétendue créature céleste. Montgermont navigue habilement entre la dureté des faits historiques et la légèreté d’une fable, dont le fil conducteur est une poésie visuelle qui allège le poids des pages de l’histoire.

« Elle Tome 1 » est une œuvre prometteuse, un premier pas dans un monde où le merveilleux tente de s’imposer face à la tragédie humaine.

Le tome se termine sur une note d’interrogation, laissant le lecteur dans l’attente, désireux de démêler le vrai du faux, le mythique du réel, et surtout, de connaître le destin de Michelle et Hippolyte.

Une bande dessinée qui ne laisse pas indifférent et pose les prémices d’une série qui pourrait bien s’épanouir dans ses tomes futurs.


Jacquou le Croquant

Bande dessinée publiée en 2015 aux éditions Glénat.


D’après le roman de Eugène Le Roy publié 1896.

Un symbole intemporel de la lutte contre les injustices

couverture bd Jacquou le Croquant

En 1815, Jacquou naît à Comberges, pauvre métairie dépendante du château de l’Herm. Son père, qui travaille pour le comte de Nansac, meurt au bagne, condamné pour un meurtre qu’il n’a pas commis.

En exil, sa mère succombe à son tour des suites d’une existence trop rude. À l’âge de neuf ans, Jacquou devient orphelin.

Seul au monde, il erre de village en village jusqu’à être recueilli par le curé de Fanlac. Grâce à lui, Jacquou s’en sortira, mais il n’oubliera jamais le sort de ses parents.

En grandissant, il apprendra à transformer son désir de vengeance en un combat contre les injustices et à faire payer le cynique comte de Nansac.

Dans la lignée de La Guerre des boutons et de Poil de carotte, Christophe Lemoine et Cécile entreprennent d’adapter un nouveau classique de la littérature française afin de le faire découvrir aux plus jeunes.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Jacquou le Croquant »

Dans les méandres du Périgord du XIXe siècle, « Jacquou le Croquant » émerge comme une œuvre graphique remarquable qui porte la patte délicate et pourtant expressive de Cécile. L’adaptation par Christophe Lemoine et Cécile du roman d’Eugène Le Roy, bien que destinée à un public jeune, ne manque pas de susciter l’intérêt des adultes par son écho vibrant aux luttes sociales intemporelles.

L’album s’ouvre sur des paysages dessinés avec une tendresse presque tangible, où le trait rond et généreux de Cécile invite à l’empathie. La colorisation de Mariacristina Federico apporte une profondeur sensorielle aux pages, établissant des atmosphères qui oscillent entre la douceur des souvenirs et la rugosité des injustices sociales.

extrait bd Jacquou le Croquant

Cependant, cette douceur visuelle contraste par moments avec la rudesse des événements narrés, créant un décalage presque poétique qui pourrait déconcerter le lecteur en quête de cohérence stylistique.

Le scénario de Lemoine fait preuve d’une fidélité louable à l’œuvre originale tout en l’adaptant avec sensibilité pour un lectorat moderne. La quête de justice de Jacquou est présentée non pas comme une vendetta personnelle, mais comme un élan vers l’équité, un thème universel qui résonne encore aujourd’hui. Cette transposition d’une lutte historique en une forme accessible aux jeunes générations est l’une des forces majeures de cette adaptation.

« Jacquou le Croquant » est une œuvre qui mérite l’attention pour son traitement graphique et narratif des thèmes de la justice et de la résilience. L’ensemble forme une bande dessinée chaleureuse et engageante, reflet d’une époque révolue mais dont les échos résonnent encore dans notre conscience collective.


Jacquou le Croquant

Le Horla

Bande dessinée publiée en 2014 aux éditions Rue de Sèvres.


D’après le roman de Guy de Maupassant publié en 1886.

couverture bd le horla

Le narrateur mène une vie tranquille dans sa maison au bord de la Seine, lorsque d’étranges phénomènes commencent à se produire.

Quelqu’un boit la carafe d’eau sur sa table de nuit, des objets disparaissent ou se brisent, une fleur est cueillie par une main invisible…

Peu à peu, le narrateur acquiert la certitude qu’un être surnaturel et immatériel vit chez lui, se nourrissant de ses provisions.

Pis encore, cet être, qu’il baptise le Horla, a tout pouvoir sur lui, un pouvoir grandissant… Du Horla ou de l’homme, l’un des deux doit périr.

Le Horla, comme les contes fantastiques écrits par Maupassant à la fin de sa vie, alors qu’il sombrait dans la folie, joue délicieusement avec nos nerfs en traitant de thèmes très actuels comme l’angoisse, la hantise du suicide et la peur de l’invisible.


L’avis d’histoiregeobd.com sur la bande dessinée « Le Horla »

« Le Horla » par Guillaume Sorel se présente comme un jalon notable, marquant de son empreinte le territoire souvent périlleux de la transmutation d’une œuvre littéraire en dessins et en couleurs.

C’est avec une main à la fois respectueuse et audacieuse que Sorel s’empare du texte de Maupassant, nous invitant à redécouvrir cette nouvelle fantastique à travers un prisme visuel qui déborde de sensibilité et d’innovation.

Lorsque l’on tourne les pages de cette bande dessinée, on est immédiatement frappé par l’éloquence du silence, par cette capacité qu’a Sorel de narrer sans mots, ou avec si peu, l’intériorité tourmentée du protagoniste.

L’artiste, en véritable ventriloque des émotions, fait naître une symphonie de couleurs et de formes qui traduit avec brio la montée en crescendo de l’angoisse et de la folie. Les choix chromatiques, tantôt apaisés en teintes pastel, tantôt alarmants en rouges et jaunes orangés, orchestrent une danse visuelle qui reflète la lutte intime du personnage contre un ennemi invisible.

extrait bd le horla

Certains puristes pourraient arguer que le medium de la bande dessinée, malgré toute sa splendeur graphique, peine à encapsuler la subtilité et la profondeur psychologique de la prose de Maupassant. L’introduction d’un chat, qui n’existe pas dans le texte originel, est symptomatique des libertés prises par Sorel. Pour certains, cela pourrait apparaître comme un écart injustifié, tandis que pour d’autres, c’est une incarnation métaphorique réussie, un guide silencieux dans ce labyrinthe de terreur psychologique.

« Le Horla » de Sorel s’impose non seulement comme une œuvre d’art graphique, mais aussi comme une réflexion sur la nature même de l’adaptation. C’est une invitation à redécouvrir Maupassant, à le sentir et le vivre différemment.